Queer-Force : c’est quoi cette nouvelle série d’animation LGBT sur Netflix ?

Cette série porte sur un groupe de supers-espions LGBT+ sous-estimés, et est centrée sur un agent secret gay qui ressemble à James Bond Steve Marywhether (également connu sous le nom d’agent Mary), alors qu’ils essaient de faire leurs preuves dans des aventures personnelles et professionnelles. Un jour, l’agent Mary décide de faire ses preuves auprès de l’agence de renseignement américaine (AIA), de résoudre une affaire et d’obtenir l’approbation de l’agence, mais il doit ajouter un nouveau membre à son équipe, un homme hétérosexuel.

ATTENTION SPOILERS !

Nouvelle série d’animation Netflix sortie en cette rentrée 2021, je dois dire que je n’en avais jamais entendu parlé avant de voir les nouveautés du mois via La Chaîne du Geek. Mais le pitch, assez original, m’a évidemment intrigué. Étant moi  même gay, je dois dire que d’avoir à disposition une série d’animation (dont le public visé est adulte, reconnaissons le) mettant en avant un groupe de personnages LGBT en mode Agent Secret avait de quoi me séduire. Avant de me lancer pleinement dedans, j’avais pu lire quelques critiques ici ou là, allant dans deux sens différents. Les uns adorent, se retrouvent pleinement dans cette galerie de personnages, s’amusent au fur et à mesure des épisodes, retrouvent des tas de référence à la pop culture (et à la culture gay), tandis que d’autres vont trouver ça trop caricaturaux et pas assez représentatif de la communauté gay. Si je dois choisir l’un des camps, je serai dans le premier, bien que je comprenne le second, je m’explique.

En prônant une série LGBTQ+, on s’attend a avoir une vraie représentation de la communauté incluant ainsi toutes les lettres. Sauf qu’en cette première saison, on s’arrête à des personnages gays ou lesbiens. C’est vrai qu’un personnage bisexuel, pansexuel ou même transexuel aurait pu être le bienvenue. Mais je suis persuadé que c’est quelque chose qui se fera dès la seconde saison (et oui, je souhaite énormément avoir le droit à une deuxième saison). Par contre, pour ce qui est des gays et lesbiennes, je trouve qu’on a ici quelques personnages finalement plutôt représentatifs de gens que je connais, de certains de mes amis, ou de moi même.

Commençons évidemment par Steeve, alias l’Agent Mary, le héros de l’histoire. Je me suis totalement attaché à lui. Je l’ai adoré. Plutôt sexy (oui c’est un personnage d’animation, mais on peut rêver quand même), il a eu le malheur en 2011 de sortir Majeur de sa promo d’agent secret et de dévoiler… Son homosexualité. Résultat, il a fini pendant plus de dix ans à West Hollywood sans une seule véritable mission. Steeve est un personnage drôle et touchant. Il a envie de bien faire, de montrer de quoi il est capable, et surtout, c’est un véritable héros. Courageux, honnête (bon je dis ça, mais il a quand même une double identité, un véritable super héros), il cherche à défendre son Pays peu importe le prix. Il se montre aussi d’une véritable fidélité pour ses proches. En tant qu’Agent Secret, il va enfin prouver à sa hiérarchie qu’il mérite sa place à l’AIA, déjouant des complots terroristes et l’amenant jusqu’au grand final ou il va sauver le monde d’une princesse machiavélique.

Sa vie privée est peu explorée, si ce n’est sa relation de second plan avec Benji. Benji, d’après Johan, me ressemble énormément (comprenez, c’est un homme gay bear, à savoir costaud, barbu et poilu), et je l’ai trouvé vraiment mignon. Disons que le couple Steeve / Benji sort clairement des sentiers battus. On aurait pu tomber dans la facilité en le casant avec un homme musclé et athlétique, et j’ai vraiment aimé ce choix. Malheureusement, la relation des deux hommes va se montrer compliqué et pleine d’embûche. Pourtant, ils vont s’apprécier, puis s’aimer, mais Steeve va se rendre compte que sa double identité d’agent secret ne va faire que le mettre en danger. Lorsqu’un ami de longue date de Benji meurt dans un attentat à la trottinette piégée (oui, oui, vous avez bien lu), et que c’était Steeve qui était visé, ce dernier va avoir de plus en plus de mal à gérer cette relation.

La rupture, bien qu’inévitable, sera vite rattrapée par le final ou l’agent secret se décide enfin de confier son secret à celui qu’il aime. Au delà, j’ai aussi apprécié que Steeve, en tant qu’agent secret, doive user de ses charmes et parfois coucher avec un suspect pour obtenir des informations. J’imagine (ou pas), que c’est le cas chez les vrais agents secrets, mais c’était quelque chose qui m’a surpris et qui m’a paru assez réel au final.

Chez les autres personnages, chacun m’a plu. Je me suis attaché a chacune de leurs personnalités et de leurs histoires. Nous avons Deb (qui m’a énormément fait penser à Henrietta, l’un des personnages principaux de 911, allez savoir pourquoi). Deb c’est une lesbienne, noire, qui fait croire à son épouse Pam qu’elle est mécanicienne. Deb c’est la maman du groupe, elle a une forte personnalité, on ne la contredit pas et sait en imposer. Le développement du personnage va nous entrainer dans sa vie privée. D’ailleurs, sa vie privée entre en collision avec sa vie d’agent secret quand son épouse est kidnappée et mise en danger. Le couple surmontera cette épreuve et je dois dire que j’ai trouvé les deux  femmes super attachantes, et loin des clichés (même si certains penserons le contraire).

Avec Twink, un jeune gay qui excelle dans l’art de se déguiser en n’importe qui, adorant se travesti et naviguant dans le milieu Drag, on s’amuse pleinement. Il m’a fait penser à plusieurs de mes potes, et je les retrouvais tellement en lui. Twink est drôle, n’a pas sa langue dans sa poche, et  saura se montrer lui aussi touchant (décidément, tout le monde est touchant dans cette série), notamment dans un développement inattendu avec Buck. Mais ce qui est le plus génial chez lui c’est ses nombreuses transformations. J’en redemande, j’en veux plus, et j’ai très envie de le retrouver la saison prochaine.

Autre membre d’importance, Stat, une hackeuse ayant fait de la prison. Solitaire, très geek, et dans sa bulle, elle va s’amouracher d’une intelligence artificielle. Une intrigue qui me faisait peur, dont l’issue est assez triste, mais qui appuie d’avantage sur la solitude du personnage. Elle est peut être la moins développée, mais comme les autres, on ne demande qu’à en voir plus.

Et enfin, le dernier membre de la Q-Force, imposée par la hiérarchie et de prime abord détestable : Buck. Hétéro et macho, il est là au début pour mettre des bâtons dans les roues de l’équipe en se montrant homophobe. Mais finalement, on creuse d’avantage sa personnalité et la série réussit lui aussi à nous le rendre attachant. Il s’attache à ses nouveaux amis et personne ne verrait l’équipe sans lui.

La série va ainsi nous délivrer plusieurs missions, d’épisode en épisode, avec un véritable fil rouge tout au long de la saison. Rien n’est laissé au hasard, et les intrigues s’entremêlent pour nous amener jusqu’au grand final. Le personnage de V, la patronne directe de la Queer Force, va ainsi découvrir la vérité sur son passé mais aussi sur l’AIA et leurs nombreux secrets. Série queer oblige, on lutte plus ou moins contre l’homophobie a différentes occasions et je dois avouer que d’autres personnages ont su tirer leur épingle du jeu, telle la princesse de Gyernovie, alliée au départ, et même Love Interest de Buck, elle se révèle finalement être la grande méchante, et ça en devient finalement jouissif.

Car oui, cette série est jouissive et m’a fait rire et sourire à plusieurs reprises. Les très nombreuses références à la pop culture permettent aussi d’apporter de la personnalité à un univers bien construit. Twink se voit en Jennie Garth dans sa rivalité contre Buck qu’il n’hésite pas à comparer à Shannen Doherty (comprendre les dramas autour de Beverly Hills dans les années 90), Twink et Stat se rendent compte qu’ils sont tous deux très fans de Buffy contre les vampires, évoquent le sacrifice de la tueuse dans le final de la saison 5 ou encore Cordélia Chase. On peut aussi parler de la référence de Steeve qui se voit en Totally Spies, et j’en passe des dizaines et des dizaines. A titre personnel, je l’avoue, je me suis pleinement retrouvé dans cette série et dans ces personnages. J’avais envie de devenir un membre de la Queer Force (ou du moins, j’imagine qu’adolescent, j’aurais adoré). D’ailleurs, c’est clairement une série que j’aurais adoré adolescent.

J’espère sincèrement que le public sera réceptif, je sais que Johan a eu du mal avec le premier épisode, trouvant cela parfois cliché. Mais comme je lui ai expliqué, les clichés ne sont pas péjoratifs. Steeve démontre qu’il ne l’est pas tant que ça, et si des personnages comme Twink vont être catalogué dans le “cliché gay” (terme que je n’apprécie d’ailleurs que très peu), et bien j’ai envie de dire qu’il est aussi une réalité. Ces dernières années, il y a eu cette tendance à vouloir banaliser l’homosexualité en essayant de montrer beaucoup moins la flamboyance de certains gay. Qu’on le veuille ou non, ils font aussi partie de la communauté LGBTQ. Comme les bears, comme les travestis, les pansexuels, les lesbiennes ultra féminines, ou beaucoup moins féminines. Bref, la diversité est là, il faut la célébrer, l’apprécier et non pas la pointer du doigt.

J’attends donc de retrouver cette bande d’agents secrets dans une deuxième saison qui ira encore plus loin, je l’espère, et qui arrivera à me faire rire de la même manière le temps d’une journée (oui je l’avoue, j’ai dévoré les 10 épisodes en une seule journée).

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