Faut-il regarder la saison 4 de 13 Reasons Why ?

Déception ou réussite ?

Johan voulait que je regarde seul la quatrième et dernière saison de 13 Reasons Why, lui ne se sentant pas de la binge watcher tout un week-end. J’ai donc écouté ses conseils et en trois jours, c’était terminé. Je connaissais enfin la conclusion finale initiée par le suicide d’Hannah Baker en première saison, le procès contre Bryce et l’école en seconde saison, et le meurtre de Bryce et sa résolution en troisième saison.

Attention, la suite de l’article dévoile de nombreux éléments clés de l’intrigue. Si vous ne souhaitez pas être spoilé, ne poursuivez pas la lecture !

La saison 4 était-elle indispensable ? La série avait-elle encore des choses à dire ? Et bien non. J’ai subi cette quatrième saison en grande partie (même si tout n’est pas à jeter, j’y reviendrais). Mais qu’est-ce que j’ai pu m’énerver contre ma télévision. J’ai eu l’impression de ne plus être devant la même série qu’à l’époque. Horrifique et thriller rythment les premiers épisodes. Alors quels sont les problèmes de la saison et les réussites ? En voici une petite liste.

 

La maladie mentale de Clay

Je le mets directement dans la catégorie problème de la saison. Le personnage en devient même irritable et détestable. Manque de bol, c’est le personnage principal qui narre toute la saison (au moins on peut dire au revoir à la narration d’Ani). Mais les scénaristes ont décidé de creuser dans ses troubles mentaux et lui coller une dissociation de la personnalité (en plus de la dépression et de l’anxiété), afin de creuser une nouvelle thématique (qu’on pouvait certes deviner dès la seconde saison ou le jeune homme « voyait » le fantôme d’Hannah). Ici il est confronté aux fantômes de Bryce et Monty, ainsi qu’à plusieurs actes de vandalisme qu’il commet sans se souvenir.

Dès le départ, et même si la révélation n’intervient que 8 épisodes plus tard, je me doutais qu’il était responsable de tout ça. Mais je trouvais ce traitement tellement maladroit, tellement… à côté de ce que pouvait faire la série. Comprenez bien, c’est une thématique qu’il est important d’aborder à la télévision. Mais était-ce nécessaire dans cette série en plus de tout le reste ? Pour le coup, et pour comparer, j’ai tellement préféré le traitement abordé à Rebecca dans Crazy Ex-Girlfriend.

La surveillance accrue

Quelle idée a piqué les scénaristes lorsqu’ils se sont dit qu’il était bien de faire un truc un peu étrange avec tous les parents des lycéens qui se retrouvent la nuit pour comploter et espionner leurs enfants ? Dès qu’on comprend qu’ils sont surveillés par leurs parents lorsque ces derniers en savent plus qu’ils ne le devraient, j’ai trouvé ça mauvais. Ajouté aux caméras de surveillance du lycée, la police dans les couloirs, tout m’a rendu mal à l’aise. Si finalement, le groupe se sert de leurs parents pour rétablir le bal de promo, je n’ai pas aimé cette partie-là de l’intrigue.

Je pense que le pire fut l’épisode de confinement, ou tout le lycée se retrouve confronté à une attaque par arme à feu… très réaliste, avec des tirs et l’angoisse qui va avec, qui se révèle être un exercice. Clay trouve les mots juste dans sa folie à la fin de l’épisode : mais quel adulte censé et responsable se dit que c’est bien de faire cet exercice avec de vrais coups de feu ? Mais ce sont des ados, des gamins. Laissez-les vivre. Ils vivent déjà dans la peur d’une fusillade au quotidien, mais rendre tout ça réel pour eux, je comprends que ça puisse être stressant.

J’ai presque l’impression que la fusillade qu’aurait pu provoquée Tyler en fin de saison 2 étant retombé comme un soufflet, les scénaristes voulaient avoir leur épisode choc avec toutes les scènes angoissantes que ça pouvait provoquer. Oui, c’était angoissant (même si je ne craignais que peu pour la vie des personnages). Mais était-ce nécessaire ? Ils voulaient sans douter dénoncer l’inutilité de tout ça, comme Clay le dira à la fin. Et qu’est-ce qu’il y gagne ? Un séjour en hôpital. Super !

 

Les émeutes

Ce qui nous amène naturellement aux émeutes. Je ne m’attendais tellement pas à voir ça dans cette série. Mais après le confinement, l’angoisse, il fallait évidemment qu’un des policiers qui surveille le lycée soit à cran et dérape. Un peu prémonitoire quand on voit ce qui se passe actuellement aux États-Unis. Toujours est-il que l’un des nouveaux étudiants intégrés cette saison (et qui est antillais) est pris pour un mexicain par l’un des flics qui fait délibérément une fixette sur lui pour le contrôler et l’arrêter de manière très arbitraire.

On retrouve alors ce que j’aime dans la série : la solidarité et l’esprit de groupe mené par Jessica et Clay (solidarité et confiance tellement absente cette saison-ci, j’y reviendrais). Cette manifestation pacifique pour retirer les policiers du lycée dégénère totalement, à cause des policiers eux même. Les renforts sont appelés et la police trouve ça bien de charger et d’attaquer un groupe d’enfants…

Les jeunes ne vont pas se laisser faire, et tout part en cacahuète. Cette scène était forte aussi, était dure, mais la question demeure : était-elle nécessaire avec tout ce que la saison et la série nous présentait déjà ?

 

La confiance ébranlée

Le groupe paraît unit au premier épisode, et… part en vrille après ça. Disons qu’à chaque épisode, un évènement va venir ébranler la confiance des uns envers les autres. Alors qu’ils formaient un groupe soudé, solide et sur en fin de saison dernière, les scénaristes ont tellement voulu de drama qu’ils ont redistribué les cartes. D’un côté on va mettre à mal la relation de Justin et Clay en faisant devenir ce dernier un véritable connard (il n’y a pas d’autres mots), alors même que cette relation fraternelle est l’une des plus belles de la série. On va soupçonner Tyler de retomber ses travers et ses plus proches amis, dont Toni, ne lui feront plus confiance. On va tourner le dos dès qu’il est possible à Jessica… Bref, c’était un grand bazar, et ce n’est pas ce que je cherchais dans cette saison.

 

Tyler et Toni

Venons-en d’ailleurs aux intrigues de Tyler et Toni. Les pauvres. Tyler devient, en secret, un indic de la police et va donc acheter des armes pour démanteler des réseaux de criminels. C’est louable et c’est beau de voir le jeune homme se racheter. Mais évidemment, il ne peut rien dire à ses amis, et Toni décide donc de le suivre, de ne pas lui faire confiance et met à mal leur relation d’amitié.

Toni qui, se plonge à corps perdu dans la boxe, et voit une belle opportunité lui sourire, mais qu’il préfère ignorer, décliner… Sans qu’on comprenne réellement ses raisons. Heureusement, la série leur apporte une belle fin à l’un et à l’autre, et temps mieux. Mais c’était à se demander si les scénaristes savaient quoi faire des personnages ? Tyler est presque relégué au rand d’accessoire pour être un lien avec Estola, la sœur de Monty (qui ont une belle relation d’ailleurs), ou Winston en début de saison.

 

Que faire d’Ani ?

Le personnage le plus détesté de la série lors de son introduction en saison 3 est donc de retour, partiellement. Comme si les scénaristes avaient presque compris que personne ne voulait d’elle, ils la font disparaître durant trois épisodes !  Et lorsqu’elle est là, elle est volontairement mise en retrait. Au final, même si je ne l’aimais pas la saison dernière, j’ai trouvé ça tellement étrange de la renier à ce point-là. Et j’ai trouvé ça tellement horrible de sa part de s’éloigner de Clay au moment ou il en avait le plus besoin. Ne le voyait-elle pas ?

 

La déchéance de Zach

En matière de plus mauvais développement scénariste, n’oublions pas Zach. Zach qui n’est que l’ombre de lui-même, qui sombre dans l’alcool, qui s’éloigne de ses amis et se détruit petit à petit. Si bien que j’ai pensé un temps qu’il serait le mort du dernier épisode. Et bien non, la série parvient à le racheter en quelques minutes lors du dernier épisode pour lui offrir une fin satisfaisante. C’est ce qu’on appelle gâcher un personnage non ?

Petite mention pour Chloé, personnage que j’adorais, et ses trois apparitions de toute la saison (qui nous indiquent au moins qu’elle a une très belle fin, et tant mieux).

 

La mort de Justin

Niveau gâchis, je le sais, vous l’attendez tous, on peut parler de Justin. Mais qu’est-ce qui leur a pris de tuer le personnage préféré des fans dans le dernier épisode ? Et de cette manière ? Justin est sans doute celui qui a le plus évolué, l’un des personnages les plus touchants et qui avait le droit à une rédemption. Sorti de désintoxication, il rejoint sa famille adoptive – dont son nouveau frère Clay. Il décide donc de se concentrer sur sa guérison et pour se faire, doit se séparer de Jessica (décision qu’il regrettera). Et si le jeune homme essaye de rester fort, même Clay doutera de lui pensant qu’il a replongé dans la drogue (alors que non, pas à ce moment-là.

Et c’est ce manque de confiance de la part de ses proches qui vont le pousser à replonger un court moment. Mais lorsque l’on pense que tout finira bien pour lui, qu’il retrouve Jessica au bal de promo et qu’il danse enfin avec l’amour de sa vie : le personnage s’effondre.

Le final nous fait donc découvrir qu’à cause de son passé de toxico et prostitué, il est positif au VIH et a donc contracté le Sida. Mais quel message veut passer la série lorsqu’elle décide, en 2020, de tuer l’un des personnages s’étant le plus battu pour s’en sortir d’une maladie qui n’est plus forcément mortelle aujourd’hui (du moins, pas de manière aussi fulgurante) ? N’était-il pas mieux de le faire vivre avec cette maladie ?

 

L’acteur est tout de même brillant et chacune de ses scènes dans ce dernier épisode m’ont fait pleurer comme pas possible. Notamment celle entre lui et Clay. Leur relation étant réhabilitée, Justin meurt en tenant la main de celui qu’il considère comme son frère, celui qui l’a sauvé. Cette relation est l’une des plus belles choses que la série m’ait offerte. Alors pourquoi nous la retirer en tuant Justin de la sorte ?

Je suis dubitatif, je ne comprends pas. Et j’essaye de comprendre, mais je trouve que le message qu’on nous transmet n’est vraiment pas le bon. Justin rejoindra donc la liste des fantômes que Clay « verra » dans ses hallucinations.

 

Le combat de Jessica

Un des éléments de la série que j’aime beaucoup, c’est Jessica et son combat pour l’égalité, pour le droit des femmes, pour la sécurité de ces dernières. Mais qu’est-ce qui lui a pris cette saison de se jeter dans les bras d’un footballeur, Diego, pas vraiment clean, après que Justin l’ai rejeté ? Même si elle dit aux autres que c’est une couverture pour le surveiller et vérifier qu’il n’aille pas trop loin dans sa vengeance pour réhabiliter la mémoire de Monty, elle ne pouvait convaincre personne.

Et pourtant j’aime Jessica. J’aime ses prises de position, ses confrontations avec le principal, ses discours, ses prises de paroles. J’aime son discours à la remise des diplômes et j’aime ce nouveau monde qu’elle aide à construire.

 

La vengeance de Winston

Lors du final de la saison 3, on comprenait que Winston (l’amant secret de Monty) n’allait pas en rester là et allait essayer de découvrir la vérité. En effet, il passait la nuit avec Monty le soir de la mort de Bryce, il ne peut donc pas être coupable. Et bien le personnage, sympathique au demeurant, va quitter son lycée friqué et privé pour finir ses études à Liberty et ainsi se rapprocher des autres personnages.

Le cas Winston est l’exemple parfait du manque de confiance et de communication dans le groupe. Ani et Clay mettrons plusieurs épisodes à prévenir Alex et Tyler, dont Winston se sera rapproché, de sa véritable identité.

Finalement, Winston n’est pas un mauvais garçon. C’est juste un jeune homme empli d’amour. Pour Monty, mais pour Alex qui lui aura brisé le cœur également. J’approuve et j’aime beaucoup la fin qui lui ai donné. Il ne dénoncera pas Alex, le véritable assassin, et il va comprendre ce qui unit le groupe, leur amitié, cette forme d’amour. La compréhension, c’est ce qui le définira à la fin.

Et puis, il semble se trouver un nouveau Love-Interest avec Ryan non ?

 

Alex et Charlie

Sans doute MA lumière dans cette saison, ce que j’ai le plus aimé et le plus apprécié. Quel plaisir, quel bonheur, quelle joie de voir ce couple se former devant nos yeux. J’avais un peu oublié l’existence de Charlie lorsque je l’ai retrouvé dans le groupe dès le début de la saison, mais quel bon personnage. Tout le monde mérite un Charlie. Tout le monde a besoin d’un Charlie.

Ce dernier va se montrer être un ami fidèle, touchant, attendrissant, mignon. Et surtout, va aider Alex à surmonter son traumatisme, à s’aimer, à s’accepter et à accepter de vivre aussi. Cette relation est parfaite. Comment ne pas craquer devant la bouille de Charlie ? Le quarterback du lycée, pleinement accepté par ses camarades ? Ses co-équipiers du football qui iront même jusqu’à faire en sorte que les deux garçons soient élus tous les deux Rois du Bal de Promo ? A la différence de Glee il y a plusieurs années, ou Kurt était élu « Reine » pour qu’on lui fasse une mauvaise blague cruelle, ici, ce n’est pas le cas. Ici c’est parce qu’on aime Charlie et qu’il est l’un des élèves les plus populaires qu’on lui offre la possibilité de partager la couronne avec son petit-ami. Et qu’est-ce que c’est beau et plaisant à voir.

Le député qui travaille au lycée leur dira, de son temps, il aurait été impossible pour son mari et lui-même de vivre cela. Et c’est une belle évolution de notre époque.

Cependant, il y a une chose un peu étrange dans ce désir de (trop) bien faire : c’est la représentation positive de l’homosexualité à tout va. Je suis moi-même gay, donc je trouve ça bien, mais est-ce vraiment la réalité ? Il n’y a qu’à reprendre tous les personnages LGBT de la série pour s’en rendre compte, si certains à l’image de Courtney (en première saison) ou Alex cette saison-ci ont eu du mal à s’accepter, s’assumer, par peur du regard des autres, on peut aisément dire que leur coming-out établit, leurs parents et leurs entourages ont été ultra positifs avec eux (et tant mieux).

Ryan, le gay à la langue de vipère, s’assume et n’a pas peur des autres. Courtney est dans une famille homoparentale et s’épanouira pleinement. Toni a beau être gay, il reste viril et forme un couple solide et stable avec Caleb, l’entraîneur de boxe. Alex se découvre comme bisexuel et trouve l’amour avec Charlie, un autre bisexuel et leurs parents approuvent totalement cette relation. Qui nous reste-t-il ? Monty, le seul qui aura eu honte de son orientation jusqu’à la fin, ce qui d’une certaine manière, causera sa mort et sa perte lorsqu’il ne voudra pas révéler sa relation d’avec Winston.

 Et les anciens ?

Ah, joli clin d’œil (mais qui arrive un peu tard), de nous ramener Courtney et Ryan dans le dernier épisode comme pour nous indiquer « On ne les oublie pas, vous ne les voyez plus depuis deux saisons, mais ils sont des personnages importants et des amis fidèles du groupe ». Alors pourquoi ne les voyait-on plus ? Pourquoi ne pas les mentionner ? Et qu’en est-il de Sheri ? (oui vous l’avez tous oublié je suis sûr). J’ai adoré son personnage dans les deux premières saisons mais pourquoi a-t-elle disparue ? Pourquoi n’est-elle pas là lorsque l’on enterre les cassettes vues que tout le monde est présent ?

Bref, cette saison me donne un sentiment particulier. J’ai eu plus de raisons de la détester, que de l’aimer, et ce n’est clairement pas ce que je souhaitais de la dernière saison d’une de mes séries préférées.


En dessous de ce que j’attendais

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