It Takes Two – Une expérience mémorable

Bien que je n’apprécie pas particulièrement les prises de paroles du bonhomme (provoc’ pour être provoc), j’aime assez ce que propose Josef Fares en terme d’expérience vidéoludique. Après un Brothers : A Tale of Two Sons mémorable, le bougre a proposé A Way Out, un titre qui ne peut être joué qu’à deux, sympathique dans l’idée mais qui pêchait souvent côté fun et qualité d’écriture. Son studio, Hazelight, semble avoir prit en compte les retours fait sur ce précédent jeu et nous a proposé, fin mars, le frénétique It Takes Two!, en renouvelant la proposition “Coop uniquement”. Qu’est-ce que ça vaut ? Réponse dans les lignes qui suivent.


On incarnera au choix Cody ou May. A vous de départager les rôles avant l’aventure (sachant que vous pourrez changer en repassant par le menu principal). J’ai choisi May de mon côté !

It Takes Two! nous met aux commandes de May et Cody, un couple marié plus vraiment sur la même longueur d’ondes. On apprend dans la cinématique de départ que ces derniers souhaitent divorcer, et ils annoncent cela à Rose, leur petite fille, qui ne réagit pas trop sur l’instant mais va faire tomber quelques larmes une fois dans sa chambre, sur les deux poupées d’argile qui représentent ses parents… ce qui aura pour effet de transférer la conscience des parents dans les dites poupées. L’objectif est simple en apparence : retrouver sa forme initiale. Toutefois, un thérapeute de couple, le Dr Hakim, va venir compliquer la tâche de ce couple branlant en leur faisant accomplir une série d’épreuve dans le but de dialoguer… et raviver la flamme.

Le thème du divorce est relativement peu abordé dans le jeu vidéo, j’étais de ce fait un peu curieux de voir comment ça allait rendre. Force est de constater qu’il sert surtout de prétexte à l’aventure. Bien qu’évoqué par le Dr Hakim et le couple, cela se fait souvent sans fond et le jeu préfère axer les dialogues sur les répliques cinglantes de May et Cody ou sur les interventions nombreuses et souvent drôles du thérapeute. Pire, pour des parents, ils se comportent de manière assez abjectes avec leur progéniture. Leur seul but durant une partie de l’aventure étant de vouloir la faire pleurer de nouveau pour inverser le sort. Beaucoup de stratagèmes sont faits en ce sens, et bien que ça fasse rire au début, on s’est retrouvé, mon comparse et moi, assez mal à l’aise face à une scène en particulier. On se doute que le ton humoristique du jeu veut nous faire prendre ça à la légère, mais quand même… Outre cet aspect là, le titre parvient avec panache à nous captiver sur une petite douzaine d’heures (auquel on peut ajouter 2-3 heures si on souhaite le 100%).

Oui oui, il y a même un passage de versus fighting dans It Takes Two!

Il faut dire que Hazelight Studios n’a pas lésiné sur les idées. J’en viens à penser qu’ils ont inclus les idées de chaque brainstorming dans le jeu pour en faire un immense pot-pourri. Tantôt aventure, tantôt action, tantôt hack’n’slash, jeu de rythme ou encore jeu de plateformes, le jeu se frotte à de multiples genres sans jamais sourciller et renouvelle avec brio l’intérêt que l’on peut porter au titre. Le revers de la médaille, s’il devait y en avoir un, c’est que quelques passages semblent moins inspirés que d’autres. Heureusement pour nous, vu que jeu est une fuite constante vers l’avant, on a pas vraiment le temps de se poser et les passages moins funs sont vite remplacés par d’autres plus jouissifs.

On revêtira ainsi plus d’un costume dans le jeu, et Cody et May n’auront jamais les mêmes pouvoirs, ce qui force l’entraide constante et le dialogue. Et c’est probablement ici qu’est la plus grande réussite d’It Takes Two!. Le jeu force la collaboration entre les deux joueurs, et il sera totalement impossible de se dépatouiller d’un niveau sans l’aide de votre moitié, que ça soit via des actions spécifiques, ou tout simplement en regardant sur sa partie d’écran splitté ce qui se trame de son côté. Bien que je ne sois pas partisan du message de fond clamant qu’on ne peut réussir qu’à deux, elle reste toutefois dans le ton lors d’une thérapie de couple. On appréciera également le fait que le jeu prend les clichés et les renverse un par un. Cody est le sensible père au foyer féru de botanique et pas manuel pour un sou, tandis que May est du genre solitaire, bricoleuse et motivée par son travail.

Même les “temps morts” sont dynamiques, grâce aux rails sur lesquels on doit effectuer de petites actions.

Avec mon compagnon de jeu Andy, on a effectué 4 sessions de jeu avant de voir défilé les crédits de fin, et lui comme moi avons été charmé par ce titre ô combien unique. Des jeux coopération, j’ai été amené à en faire plusieurs. De Gears of War en passant par Halo, The Division ou même les MMO dans un autre registre, jamais je n’ai été happé à ce point dans mon rôle de “moitié”, si ce n’est sur Brothers, mais c’est un cas un peu particulier. Le fait de pouvoir faire profiter un ami du jeu sans qu’il ait à l’acheter de son côté est également un plus non-négligeable. Bien que j’ai adoré partagé ce jeu avec un ami de longue date, j’ai tendance à penser que le jeu ne prendra toute sa saveur qu’en le faisant avec votre compagnon ou compagne. Nul doute cela dit que j’aurais piqué quelques crises, Aldric n’étant pas un joueur très expérimenté, et le jeu proposant parfois un challenge assez corsée (sans jamais créer de barrière toutefois).

Côté technique et sonore, pas grand-chose à signaler. Sur Xbox Series X, le jeu n’a eu qu’un ralentissement à un moment de l’aventure (ressenti par mon camarade également) mais le reste s’est fait sans heurt aucun. Artistiquement, on pourrait trouver à redire, en particulier en ce qui concerne les humains (adulte comme enfant), pas franchement bien fait dans les cinématiques. Certaines zones sont un peu moins agréables à l’œil, la faute au côté pot-pourri, mais c’est davantage une affaire de goût ici. Côté sonore, on notera l’absence de VF qui pourra en rebuter certains. Il faut dire que nos personnages sont particulièrement bavards, même en pleine action, ce qui pourra gêner la compréhension de certains. Le sous-titrage est correct de son côté. Côté musique, on passera également par de nombreux univers. Je suis assez curieux d’écouter l’OST qui doit être un joyeux bordel.

8
Jouissif

It Takes Two!

It Takes Two! est une œuvre comme en voit peu. En dépit de quelques ratés sur l'écriture et de certains passages moins inspirés, le jeu parvient à nous captiver avec une une proposition totalement folle, qui met la collaboration du duo au premier plan, forçant l'échange et le jeu ensemble. Les idées fusent, on bouge toujours et le couple n'aura pas beaucoup d'instants de répit durant l'aventure. A faire absolument, avec votre moitié, ou votre fidèle compagnon de JV.

  • Johan 8
commentaires
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