Lancée le 24 mai 2019 pour sa première saison sur Netflix, Alta Mar a su faire son petit bout de chemin et nous a proposé ce vendredi 7 août 2020 sa troisième (et dernière ?) saison. La première saison nous posait cette intrigue : Dans les années 1940, sur un paquebot transatlantique avec des passagers qui voyagent d’Espagne au Brésil en quête d’un avenir meilleur, les sœurs Carolina (Alejandra Onieva) et Eva (Ivana Baquero) et un officier, Nicolas (Jon Kortajarena), se rencontrent. Une fois à bord surviendra l’assassinat mystérieux d’une femme, qui ne se trouvait pas sur la liste des passagers et dont personne ne se souvient. La seconde saison se poursuivra la ou s’arrête la première et développera une toute nouvelle intrigue à suspens autour du personnage de Cassandre et la troisième saison enfin aura pour toile de fond un virus mortel embarqué sur le paquebot lors d’une toute nouvelle traversée.
Vous l’aurez compris, des éléments importants de l’intrigue risquent d’être dévoilés, si vous n’êtes pas à jour, il est préférable donc de rebrousser chemin. Mais alors au final, que vaut cette série ? Faut-il s’y attarder et prendre plaisir à suivre ce croisement entre Titanic et Agatha Christie ? Et bien pour ma part, c’est un grand Oui.
Cette série mélange de nombreux éléments que j’adore. Un paquebot de luxe, une ancienne époque, ici l’après seconde guerre mondiale, un parfum exotique avec des acteurs quasiment tous espagnols et enfin, des intrigues policières, énigmatiques et pleins de suspens. Tous les ingrédients sont présents pour que nous puissions prendre place dans le paquebot des Fabregas et suivre les aventures des deux soeurs Villanueva et des autres passagers du bâteau.
La première saison ne peut pas fonctionner sans la seconde, tant l’impression qui s’en dégage et qu’elles forment un tout à elles deux. La troisième saison que je viens d’achever n’était pas forcément nécessaire. Nouvelle traversée, ellipse dans le temps, si l’on retrouve bon nombre de personnages principaux, l’intrigue se veut radicalement différente. On poursuit cependant les relations amoureuses des personnages étant encore en place mais l’intrigue se veut parfois plus farfelue.
Et en terme d’intrigues farfelues, la série sait nous donner quelques fous rires. Rien ne laissait présager que l’on toucherait du doigt le surnaturel avec l’arrivée de la deuxième saison et de Cassandre, librement inspirée du personnage de la mythologie grecque qui voyait l’avenir sans qu’on ne puisse la croire. Mais si au final, des explications rationnelles et cartésiennes viendront dissoudre les malentendus, la troisième saison réitère dans l’absurde avec un double maléfique pour Carolina. En effet le personnage de Dianna porte trait pour trait ceux de notre héroïne et n’aura aucun mal.à prendre sa place durant quelques épisodes.
Si l’explication de la chirurgie esthétique est de mise, dur d’y croire pleinement. Une telle prouesse était-elle possible en 1948 ? La série se perd parfois également dans de très nombreuses intrigues qui ne se valent pas toutes. Et au service des plus mal lotis nous avons par exemple le personnage de Natalia, a soeur de Fernando l’armateur du navire mais aussi le fiancé de Carolina. Cette femme de pouvoir est mariée à un individu abject qui violera Clara, la chanteuse du bateau. Dès lors, après que les deux femmes tuent leur bourreau, elles se retrouvent dans une intrigue difficile qui mêlera triangle amoureux, suicide et vengeance. Car c’est en partie à cause de ça que le personnage de Pierre, compagnon de Clara, décidera de se venger de Natalia et donc d’aider les terroristes à la mutinerie et la propagation du virus.
J’ai beaucoup de mal avec Santiago, le capitaine du navire, ou bien Sebastian, le beau parleur qui fait la cour à Véronica et qui n’hésitera pas à trahir son domestique Dimas. Le détective Varéla se pose souvent comme un vautour incompétent qui profite trop largement de la résolution des enquêtes faites par les personnages principaux de l’histoire. Bref, comme toute série chorale, certains personnages sont en dessous du lot et ne peuvent pas plaire.
Heureusement, la série réussit sur ses rôles principaux à commencer par les deux soeurs. Eva et Carolina sont radicalement différentes. La première est romancière, un peu garçon manqué, n’a peur de rien, est prête à tout pour découvrir la vérité et dispose d’une personnalité très forte. La jolie blonde quand à elle est plus sensible, plus féminine et beaucoup plus à fleur de peau. Mais les deux soeurs se complètent à merveille et si leur lien sera souvent soumis à rude épreuve elles ne sortirons que plus fortes de chacune de leurs intrigues.
Amoureusement, Eva est associée à Nicolas, le premier officier du navire. S’ils forment un couple que l’on rêve de voir se concrétiser, le final de la saison 2 attristera beaucoup de fans avec la réapparition de l’épouse de Nicolas, que ce dernier pensait décédée. Oui, on a parfois l’impression d’être en plein soap-opera tant les retournements de situation sont dramatiques. Nicolas est par ailleurs un excellent personnage. Beau, charismatique, compétent, fidèle et homme de principe, il se pose comme un preux chevalier. A la place d’Eva, nous serions tous tombé amoureux.
Carolina a moins de chance. Son fiancé et futur époux, Fernando, qui est aussi l’armateur du bateau, cache de nombreux secrets. On ne peut que le soupçonner pendant un moment de faire partie des méchants, mais c’est en réalité un homme criblé de dettes qui ne fait pas souvent les bons choix. Il est difficile de comprendre ce que Carolina peut lui trouver, mais les deux jeunes gens iront jusqu’à se marier (mariage tragiquement interrompu par le père de la mariée qui se révèle être l’un des grands méchants, soap-opera quand je te tiens…). Durant la troisième saison, le couple bat de l’aile mais le sujet n’est pas pleinement abordé, et c’est dommage. La jumelle maléfique de Carolina prenant sa place et insufflant alors un renouveau dans un mariage sans amour fera peut être prendre compte à Fernando qu’il peut mieux faire pour Carolina ?
La relation fraternelle de Fernando et Natalia est parfois bien traitée, mais c’est dommage que l’on aille pas encore plus loin. Surtout lorsque Natalia devient partenaire à parts égales de son frère à la mort de son époux. Reste également les domestiques, qui nous offrent au final l’une des meilleures partitions. Véronica et Dimas ont leurs aventures personnelles, chacun étant au service d’une famille différente, mais leur relation amicale, puis amoureuse sera l’un des atouts fort de la série.
Véronica rêve d’une vie meilleure, et Sebastian la lui proposera en souhaitant l’épouser. C’est très tentant, même si sa mère désapprouve cette histoire. Dimas n’a pas grand chose à lui offrir, mais lui se montre sincère, honnête, gentil et fiable. Au final, Véronica fera le bon choix ce qui ne pourra que rendre heureux Dimas.
Ce dernier qui avait de grands projets pour sortir également du statut domestique et offrir une belle vie à sa bien aimée sera vite rappelé sur le bateau pour la troisième saison. Honnêtement, on sent là qu’il aurait été difficile pour la série de se séparer de Dimas et Véronica, dès lors, il fallait que le projet du jeune homme échoue pour qu’il retourne à sa place de domestique. Je ne sais pas s’il y aura une saison 4 – et vu le destin funeste du navire qui finira au fond de l’eau comme le Titanic j’en doute – mais j’espère sincèrement qu’ils auront un avenir plus radieux.
Car du coté des héroïnes, ça n’est pas bien glorieux. Si je devais parier sur l’avenir de Carolina, je dirais sans peine qu’elle finira par divorcer, s’émanciper et développer sa propre fortune. Pour Eva, un avenir aux côtés de Fabio après la mort de Nicolas ne serait pas à exclure je pense.
Au delà de ses personnages dont je parle depuis un moment maintenant, il y a cette réalisation belle et soignée qui nous emmène dans cet espace de luxe et volupté. Honnêtement, je suis totalement client et je me plonge en immersion quand j’embarque dans ce type de navire dans une autre époque. SI la série avait été contemporaine, elle n’aurait pas le même impact et le même succès je pense.
Ce n’est donc pas forcément la série à laquelle je pense immédiatement lorsqu’il faut en conseiller une à u ami, mais elle peut sans nul doute faire passer un agréable moment. Une série qui se regarde à n’importe quel moment de l’année et qui fera chavirer vos cœurs, j’en suis certain.