Twin Mirror – Un thriller psychologique convaincant

Dire que j’attendais Twin Mirror, relève de l’euphémisme… Depuis la sortie de la première saison de Life is Strange, je suis de très près tous les projets de Dontnod, étant tombé amoureux de la formule initiée par le studio. Formule reprise depuis par Life is Strange 2, Tell Me Why et Twin Mirror. Petite variante toutefois, puisque le jeu, initialement prévue comme un titre épisodique, a revu son positionnement. En échange de 29,99€, on a donc droit au jeu complet. Terminé les longs mois d’attentes entre chaque épisode, l’aventure se boucle en 6 heures environ, soit une grosse après-midi, pour les plus passionnés d’entre vous. Reste à savoir si l’aventure vaut le détour… réponse dans les lignes qui suivent !


Alcool et cachetons… Sans forcément dépeindre une épave, Twin Mirror nous dépeint un personnage assez torturé.

Twin Mirror nous fait incarner Sam Higgs, un journaliste d’investigation ayant quitté Basswood, la ville où il a grandi, qui le hait suite à la publication d’un article ayant précipité la fermeture de la dernière mine du coin, qui ne répondait pas aux normes de sécurité imposée par l’État. Une grande partie des citoyens vivant de cette activité, le chômage s’est installé, la pauvreté s’est accrue, tout comme la criminalité. Et pour parachever le tout, la dulcinée de Sam a décliné sa demande en mariage. Détesté et brisé, notre journaliste a tourné le dos à sa ville, ses amis et sa petite amie pour tenter de se reconstruire.

Deux ans séparent donc les événements narrés ci-dessus des événements du jeu. Pas tout à fait reconstruit, notre homme apprend le décès de son meilleur ami et n’a d’autre choix que de se rendre à Basswood pour rendre hommage au défunt. Une situation pas forcément simple, qui va aller de mal en pis quand sa filleule va l’intimer d’enquêter, trouvant la mort de son père étrange. En bon investigateur qu’il est, Sam va donc enquêter sur les conditions de la mort de son meilleur ami.


Le fameux double, au second plan, conseillant Sam

Ce qui fait de notre protagoniste un enquêteur redoutable, c’est sa capacité à analyser sous différentes coutures les éléments sous ses yeux. En effet, Sam dispose d’une faculté (dont certains protagonistes semblent avoir connaissance) qui va “figer” le temps et l’envoyer dans son Palais Mental. Cet endroit, très stylisée, est autant un cocon qu’une prison pour Sam. Modulant le contexte, on se retrouvera dans un endroit clair, faisant penser aux Cieux, qui permet au reporter de se remémorer et réfléchir posément à quelques informations… ou dans un endroit labyrinthique, avec pour couleurs dominantes le rouge et le noir. Dans ces moments-là, Sam tentera de s’échapper et de se raccrocher à son double, le fameux “Twin” du titre, qui va conseiller/guider Sam afin qu’il puisse prendre les bonnes décisions.

De par ses capacités, Sir Higgs est un être extrêmement rationnel, un peu à l’ouest et ayant du mal à interpréter/réagir aux émotions des protagonistes. Le double lui, qui apparaît dès que Sam devient soucieux ou hésitant, va davantage orienter Sam “socialement”, tout en veillant à le protéger au mieux pour ne pas se retrouver de nouveau dans les Ténèbres. Un être foncièrement bienveillant (quoiqu’un peu égoïste) qu’il faudra écouter avec parcimonie, ses actions allant souvent à contre-courant de la personnalité de Sam.

Quand tout va bien dans la tête de Sam, le Palais Mental prend des allures de Paradis

Certains trouveront le Twin assez invasif, intervenant pour tout et rien, et s’immisçant assez fréquemment dans le jeu. Cela n’a pas été mon cas, notre ami imaginaire va finalement simuler le 2ème personnage qui nous accompagne dans les aventures narratives de Dontnod. Un artifice bien trouvé donc, qui soutient à merveille les scènes du Palais Mental, superbement exécutées, mais malheureusement trop peu nombreuses.


Le reste du casting n’est pas en reste. Sam ayant grandi à Basswood, il a un passé avec bon nombre de protagonistes. De son ancien boss à la sympathie inégalée, à l’ex ambitieuse parlant sans détour, en passant par la filleule traversant l’une des périodes les plus compliqués de sa vie, on voit du pays. Le studio parisien a toujours excellé sur la manière de dépeindre des personnages, et de par l’âge des protagonistes et le propos du titre, se permet d’aller plus loin en dépeignant des personnages ayant du vécu, une histoire commune avec notre enquêteur… Sam est connu de presque tous, pour le meilleur et pour le pire. L’ambiance des petites villes américaines semble correctement retranscrite, avec un côté “tout le monde se connaît”, qui fait penser à Twin Peaks.

En revanche, quand l’esprit de Sam part à la dérive, le Palais Mental s’effondre.

L’enquête menée par Sam l’amènera aux 4 coins de la ville, avec un déroulé très classique. Pour chaque lieu, on interagit avec le peu d’éléments du décor, puis on parle aux quelques personnages présents sur place pour apprendre 2-3 choses permettant de débloquer l’accès à la scène suivante. Je grossis volontairement le trait, mais de mémoire, c’est la première fois qu’il y a si peu d’éléments avec lesquels interagir dans le décor pour un titre Dontnod. Pour compenser, le studio utilise les capacités du journaliste pour analyser le décor et reconstituer des moments passés. C’est bien fichu, on peut tester différentes combinaisons pour voir le résultat sous formes “holographiques”. Une fois la reconstitution finalisée, une cutscene se déclenchera, faisant vivre l’instant à Sam comme s’il y était.

En sus de ces reconstitutions, on aura aussi l’occasion de planifier un plan pour atteindre un objectif spécifique. Le principe est le même, analyse du décor, choix de ce qui nous plaît, et lancement de la scène. Pour autant, impossible de remplacer certains choix, et pour une raison qui m’échappe, notre personnage se découvre une pulsion pyromane sur laquelle nous n’avons pas la main. Pourquoi pas, après tout, mais quand on passe plusieurs heures en compagnie de notre avatar, on a un peu de mal à imaginer qu’il puisse faire ça. Pour la crédibilité, on repassera.


Chaque environnement visité dispose d’une ambiance assez unique

En parlant de crédibilité, la ville est certes peu explorée, mais propose des environnements fort jolis. Basswood est une ville située dans une cuvette. On se retrouve donc entouré par les montagnes. Le style Dontnod fait toujours mouche et s’affine encore un peu plus. On s’arrêtera parfois quelques secondes pour admirer un paysage et faire notre plus belle capture d’écran. Techniquement, le jeu affiche une fluidité inébranlable sur la Xbox Séries X. Côté bande-son, cette dernière se fait relativement discrète, les thèmes sont efficaces et accompagnent toujours bien le moment, mais il ne faudra pas compter sur les nombreux artistes “Indies” qui accompagnent généralement les productions du studio.

 

 

Bien que très court, j’ai beaucoup aimé le voyage à Basswood. Porté par un personnage charismatique et casting, loin d’être en reste, Dontnod délivre un polar, certes convenu, mais fort bien exécuté. J’en viens presque à espérer une suite. L’aventure peut se suffire à elle-même, mais en fonction de la fin obtenue, je serai extrêmement curieux de voir comment Sam rebondit.

Les + :

  • Un bon polar
  • Le palais mental, une idée bien exécutée…
  • Sam Higgs, un personnage atypique et étrangement attachant
  • Le reste du casting pas en reste
  • Quelques environnements très jolis

Les – :

  • Très court (6 heures pour en voir le bout)
  • La fin un peu abrupte
  • Quelques actions forcées, pas cohérentes avec le personnage
  • Plusieurs fins… mais une rejouabilité assez inintéressante au vu du style de jeu
  • Une intrigue vue et revue

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Testé sur Xbox Series X. A noter qu’aucun patch Next-Gen n’est disponible. C’est donc une version Xbox One qui tourne.

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