Version testée : PC | Prix conseillé : 19,99€ | Durée de vie : ~5h Version dématérialisée fourni par Raccoon Business, que je remercie chaleureusement !
Pour ceux qui me suivent depuis quelques années, vous connaissez déjà mon amour pour les jeux narratifs, et plus particulièrement pour Life is Strange, un jeu qui m’a énormément aidé sur de nombreux aspects, et m’a permis de m’accepter tel que j’étais. Une œuvre comme en voit peu donc, qui vous marque au fer blanc et dont on ne parvient jamais vraiment à se détacher. The Wreck est parvenu à renouveler cet exploit, et j’ai encore le cœur légèrement meurtri à l’heure de rédaction… et pourtant, ça partait plutôt mal.
Ce n’était pas gagné car j’ai fait le choix de découvrir le jeu en stream, avec ce que ça implique de recul pour rester attentif au chat et interagir régulièrement avec l’audience. Je ne croule certes pas sous les spectateurs, mais j’ai senti que je n’étais pas pleinement impliqué, et la première heure a été compliqué pour un détail loin d’être anodin : le jeu est doublé en anglais par des comédiens français… choix audacieux s’il en est, puisque nous ne sommes pas particulièrement connu pour nos accents coquets.
J’admets avoir ricané les premières minutes en entendant Junon parler un parfait anglais avec l’accent franchouillard qui va bien… puis peu à peu, je me suis laissé embarquer et ce côté “décalé” s’est peu à peu effacé. Il faut dire que la performance des comédiens force le respect. Aucun personnage ne laisse indifférent, même les plus secondaires d’entre eux. Et juste pour cela, bravo.
The Wreck fait en effet beaucoup avec peu, et prend la forme – la plupart du temps – d’un visual novel où l’on enchaîne les plans semi-fixes en sélectionnant des mots-clés qui apparaissent soit en gros à l’écran, soit en surbrillance dans une bulle de dialogue, ce qui permet d’en apprendre plus sur certaines sous-intrigues. On alterne ainsi entre 3 phases de jeu complémentaire. Junon en pleine introspection, Junon qui échange avec ses proches et un dernier où elle revit un trauma qui la fait repenser à un événement passé.
Cette dernière phase troque le visual novel par une espèce de plan où l’on peur faire défiler le souvenir via un simple clic. Le clic gauche fait avancer le souvenir, tandis que le droit rembobine. Dans ces séquences, on en apprend plus sur les événements marquants de notre protagoniste et on devra s’attarder sur certains détails qui feront apparaître des mots à l’écran, ce qui déclenche une réplique de Junon qui nous détaille son souvenir. Une fois tous les détails importants relevé, la séquence se termine et on revient à l’avancé de l’histoire principale.
Là où le jeu m’a le plus bluffé, c’est qu’il crée un attachement de plus en plus intense avec les personnages et on creuse de plus en plus dans la psyché de Junon, qui se révèle à nous assez intimement. La scène de l’accident, que l’on revit régulièrement, se veut donc de plus en plus intense à mesure que l’on apprend à connaître cette femme et le flot d’émotions ne fait que grandir à mesure que l’on progresse.
Rassurez-vous, on ne ressentira pas que de la tristesse en jouant à The Wreck, le titre parvient en effet à éviter l’effet tire-larmes que l’on ressent dans certaines productions narratives. L’écriture est précise, en particulier lors des phases de dialogues qui font plus vrai que nature, et l’on peut passer du sourire franc à la tristesse au détour d’une réplique de Junon qui frappe notre interlocuteur plus qu’on ne l’aurait cru. Petite mention à l’OST qui accompagne parfaitement l’aventure de 5 heures.
| Les + | Les – |
|---|---|
| Le doublage, de grande qualité… | … même si l’anglais accent français perturbe quelques peu au début |
| Une justesse d’écriture folle | J’aurai aimé voir le rendu en voix française |
| La boucle narrative qui renforce l’impact émotionnel de l’œuvre | Une approche intimiste qui peut mettre mal à l’aise certains joueurs |
| Émouvant, mais pas tire-larmes |
Après The Walking Dead, Life is Strange et What Remains of Edith Finch, The Wreck rejoint la “courte” liste des aventures narratives qui m’ont appris sur la vie. S’autoriser à pleurer, à aimer, à vivre le deuil ou encore à pardonner… l’œuvre de The Pixel Hunt prouve une fois encore que le jeu vidéo est un medium précieux, qui peut aborder des thèmes forts sans avoir à rougir des autres arts. Encore une fois, bravo.