Qui a tiré sur J.R. ? Comment Dallas a réinventé les séries télévisées ?

Aussi étrange soit-il, s’il y a une série télévisée dont j’étais passionné à la sortie de l’enfance, c’était Dallas. Au rythme d’une énième rediffusion sur France 3, je suivais de loin ce feuilleton rocambolesque, appelé aussi “soap-opera“, que ma mère regardait chaque midi. Pour une étrange raison, le jeune garçon de 10 ans que j’étais accrocha directement à cet univers de strass et paillettes pourtant très adulte.

Jock et Ellie, a la tête de la famille Ewing avec J.R., son épouse Sue Ellen, Bobby, son épouse Paméla, et la petite fille : Lucy

Et c’est finalement adolescent, quelques années plus tard, que j’ai réellement découvert l’intégralité de la série via Canal Jimmy. Diffusée l’après-midi – en plein milieu de mes cours de collégien – je pouvais compter sur l’accessoire indispensable de l’époque pour ne louper aucun épisode : notre magnétoscope !

C’est ainsi qu’à 17h00, nous regardions notre épisode quotidien avec ma mère, et que j’entrais pleinement dans l’univers de la famille Ewing, du pétrole, du Texas, et de l’argent qui coule à flots. Et pourtant, la série était déjà “ancienne”. Diffusée entre 1978 et 1991 outre Atlantique, les 13 saisons ont connu leurs heures de gloires sur TF1 en Prime-Time (rien que ça), au milieu des années 80. Et très rapidement, la France et ses magazines de l’époque affichaient la question qui avait taraudé les États-Unis quelques mois plus tôt : Qui a tiré sur J.R. ?

Premier cliffhanger d’importance dans une série, cette intrigue lancée dans le dernier épisode de la troisième saison de la série allait alors casser le rythme de la série pour la rendre beaucoup plus feuilletonnant. Exit les intrigues à la semaine et les histoires résolues en un épisode, et bonjour les histoires à rallonge et péripéties improbables qui iront jusqu’à créer une saison complète qui ne s’avérera n’être que le rêve de Paméla. Car oui, lorsque Patrick Duffy, qui incarne le rôle de Bobby Ewing, le frère gentil et sympathique de la famille, veut quitter la série, il est décidé de le tuer en fin de saison 7. Il meurt ainsi, renversé par une belle-sœur maléfique (coucou Katherine), dans les bras de son ex-épouse Paméla qu’il venait de retrouver. Et c’est la fameuse Paméla qui va “rêver” toute une saison d’une intrigue encore plus folle et plus “80” que jamais, jusqu’à se réveiller en fin de saison 8 et découvrir que Bobby est bel et bien présent dans sa douche, en vie.

Et tout ça n’était qu’un rêve… Merci Paméla !

Derrière ce rocambolesque tour de passe passe, le désir de l’acteur Patrick Duffy de revenir dans la série. Mais voilà, son personnage étant mort un an plus tôt, il fallait bien là une pirouette aussi folle pour ressusciter l’un des personnages préférés des fans. On revient donc à zéro, ramène les personnages un an plus tôt, et on efface des développements, la romance de Jenna Wade et Jack Ewing, le fils adoptif de Ray et Donna, des réconciliations, des divorces et la sulfureuse Angelica Nero !

Mais revenons un peu plus tôt, car la question qui intéresse tout le monde, c’est bien évidemment qui a tiré sur J.R. ? John Ross, deuxième du nom, fils de Jock et Ellie Ewing, c’est le grand méchant que tout le monde adore détester. Magnat du pétrole, il ne recule devant rien pour gagner, et ne se soucie guère du malheur de son épouse Sue Ellen (qui deviendra alcoolique, la pauvre), allant d’aventures en aventures avec d’autres femmes. Il ira même jusqu’à avoir une liaison avec Kristin Sheppard, sa belle-sœur.

Tout le monde veut savoir : Qui a tiré sur J.R. ? Et la liste des suspects est longue…

Mais comme je le disais plus haut, lorsque la troisième saison s’achève avec un J.R. s’écroulant au milieu de son bureau, une balle dans le ventre, les scénaristes et les acteurs ignorent alors qu’ils vont déclencher un véritable raz-de-marée chez les américains. Tout le monde veut savoir : qui lui a tiré dessus ? L’été qui passe verra des scènes hallucinantes, comme un pilote menaçant de ne pas faire atterrir l’avion si l’acteur Larry Hagman, interprète de J.R., ne révèle pas le nom de l’assassin. Mais voilà, il l’ignore. Plusieurs scénarios furent tourné, permettant ainsi à l’équipe scénaristique de brouiller les pistes.

Larry Hagman va alors profiter de cette folie pour demander une augmentation. Un pari osé, que la production n’est pas prête à accepter, laissant ainsi l’homme dans le coma à la reprise de la saison 4. Mais l’histoire, vous la connaissez, J.R. n’est pas mort, Larry Hagman obtient son augmentation et le public découvre dans le quatrième épisode que c’est Kristin Sheppard, la maîtresse éconduite, qui a tenté de tuer son amant.

La première génération des Madames Ewing : Lucy, Paméla et Sue Ellen. La seconde : April, Michelle et Cally.

Dallas c’est donc 357 épisodes (mais aussi 3 téléfilms, dont deux se déroulant après la série), une multitude de personnages, mais aussi une suite de trois saisons au milieu des années 2010, qui voit Bobby et J.R. passer le flambeau à leurs enfants, John Ross et Christopher. Dallas, c’est une Amérique idéalisée, qui aura fait rêver les français, moi avec.

Au rayon des personnages que j’ai pu affectionner, il y a bien évidemment Lucy Ewing, la nièce de la famille. Malheureuse en amour (elle se fiance à un garçon qui s’avère être gay, se fait violer par un photographe, son mari Mitch la quittera…). Mais elle était jolie, jeune et sympathique, et blonde évidemment, et avait donc tout pour me plaire. Mais c’est une autre blonde dans la série qui aura mes faveurs, et c’est dans la deuxième partie qu’elle apparaît.

Saison 9, nous voyons arriver April Stevens en ville. Ex-épouse de Jack Ewing (un cousin découvert en saison 7), la jeune femme vénale cherche à récupérer une partie de sa nouvelle fortune. Elle s’associe d’abord à J.R., puis à son ennemi juré, Cliff Barnes (qui est aussi le frère de Paméla, vous savez l’épouse de Bobby au centre d’une saison “rêvée”), avant de devenir de plus en plus sympathique au cours de la dixième saison et de se rapprocher de Bobby.

April Stevens deviendra la nouvelle Madame Bobby Ewing

Ce dernier va mal, son épouse Paméla a disparue. Mais ici, pas question de tuer l’épouse de Bobby. Même si son interprète, Victoria Principal, veut quitter la série, la production se réserve le droit de la voir revenir. C’est ainsi que Paméla est victime d’un accident de voiture, et se retrouvera défigurée. Ne voulant pas que Bobby la voit ainsi, elle quitte la ville et abandonne mari et fils (le petit Christopher, qu’ils ont adopté plusieurs saisons plus tôt et qui est en réalité le fils biologique de Kristin Sheppard, la fameuse “coupable”, qui périra également, noyée dans la piscine de Southfork).

April est donc la candidate parfaite pour devenir le nouveau love-interest du héros de la série. Et c’est ainsi que jusqu’à la dernière saison, ils vivrons un amour tumultueux. Un amour heureux également, qui se concrétisera par un mariage, à la fin de la 12ème saison. La nouvelle Madame Ewing convolera alors en lune de miel avec son époux en plein Paris, et c’est ainsi que l’on retrouve durant les quatre premiers épisodes de la dernière saison nos deux jeunes époux dans notre bonne vieille France.

Un barbecue chez les Ewing, ça vous dit ?

Mais le conte de fée ne pourra pas durer (après tout, on est dans un soap-opéra, ne l’oublions pas). April se fait kidnapper en plein Paris, une horrible femme prend sa place et la jolie blonde finira tuée, dans un attentat en plein Paris, donnant son dernier souffle dans les bras de son époux sur le son de Parisienne Walkways, qui aura accompagné toute leur idylle durant quatre saisons.

Une mort que la aussi les scénaristes regretterons lorsqu’il s’agira de donner une suite, avec le téléfilm de 1996. La raison du départ d’un des personnages les plus appréciés du show ? La grossesse de Sheree J.Wilson, son interprète, qui voulait prendre une année pour élever son enfant. Mais l’actrice rebondira très vite en devenant la star féminine de Walker Texas Ranger aux côtés de Chuck Norris, rien que ça.

Dallas c’est des histoires de famille, les Ewing contre les Barnes, notamment, des histoires d’argent, de coup bas. Des histoires ou le pétrole est Roi, ou les cow-boys sont monnaie courante (après tout, la famille vit dans un sublime ranch, Southfork, qui chaque saison accueillera le traditionnel barbecue ou bien différents mariages). Des dizaines de récompenses et de nominations, mais aussi un Spin-off avec Côte Ouest, centré sur Gary et Val Ewing, les parents de Lucy dont je parlais un peu plus haut. Mais encore une rivale, avec Dynastie, qui a bien essayé de détrôner la série phare et son univers impitoyable.

Et c’est Madame Presley qui interprète la troisième Jenna Wade !

Dallas, comme tout bon soap-opéra, c’est aussi la faculté à changer de visage à certains personnages pour faire face à l’absence des acteurs. Premier personnage important à en faire les frais : Jenna Wade. La fiancée de jeunesse de Bobby Ewing – bien avant qu’il ne rencontre Paméla, la fameuse première épouse, aura eu pas moins de trois actrices pour l’interpréter. Si Morgan Fairchild, puis Francine Tucker l’ont incarné le temps de quelques épisodes sur les premières saisons, c’est en réalité Priscilla Beaulieu Presley (oui Madame Elvis Presley elle même), qui en sera le visage le plus emblématique pour pas moins de six saisons.

Elle parviendra à raviver la flamme avec Bobby – avant qu’il ne meurt “pour de faux” – mais c’est dans les bras de Ray Krebbs, le demi-frère caché des Ewing qu’elle finira sa vie (en quittant le Texas pour la Suisse, afin de placer sa fille Charlie en pension, car cette dernière fricotait avec un mauvais garçon joué par Brad Pitt, oui, oui, Brad Pitt !). Ray qui – au début de la série – était l’amant de Lucy – alors 17 ans – ignorant qu’elle était sa nièce… Quand je vous dis que Dallas a tout osé (l’époque peut être ?), comme nous faire croire que Donna Reed pouvait remplacer Barbara Bel Geddes en Miss Ellie. Un changement de visage non apprécié qui verra au renvoi de Donna Reed, afin que Barbara Bel Geddes reprenne son rôle une seule saison après avoir voulu prendre sa retraite.

L’un des derniers casting de la série, avant qu’elle ne s’arrête en 1991

Aujourd’hui, la série est bien ancrée dans les années 80, mais il paraît étrange et presque inconcevable qu’aucune plateforme n’ai cherché à acquérir les droits pour la diffuser. Cette série aurait tellement sa place sur Salto par exemple, que je ne comprends pas que ça ne soit pas encore le cas. Car retrouver Sue Ellen, passant de femme trompée et alcoolique, à une femme d’affaires forte et indépendante, j’ai clairement envie de le revoir !

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