Emily in Paris – Un Paris fantasmé vu par une américaine rayonnante

Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n’est pas Aldric qui s’est attelé à regarder Emily in Paris, mais moi, le taciturne, ne jurant généralement que par les séries léchées et souvent cradingues. Pour autant, le contexte actuel et le récent retour dans le Nord m’a quelque peu plombé, j’ai donc cherché un peu d’évasion, et de légéreté. J’ai donc parié sur Emily in Paris, et j’ai vraiment bien fait, tant j’en suis sorti rayonnant.

Personne ne s’habille de cette manière à Paris… Sauf Emily !

Emily in Paris part d’un concours de circonstances malheureux. Après le rachat de « Savoir », une entreprise de marketing française pour le luxe, par une compagnie américaine, le conseil d’administration décide d’envoyer un gestionnaire marketing américain en France, pour américaniser un peu la communication. Comprendre : la rendre plus virale, plus positive, moins sexiste également. La patronne d’Emily était la candidate idéale, mais décline l’offre en apprenant qu’elle est enceinte, c’est donc notre jeune chicagoanes (c’est Wikipédia qui le dit) qui est missionnée pour travailler à Paris durant un an. Problème, Emily ne parle pas du tout français, et n’est pas bien renseignée sur la culture française et ses mœurs.

De nombreux plans s’efforcent de mettre en avant les différentes merveilles parisiennes

A la différence d’Emily, j’ai eu l’occasion de me rendre à Paris à quelques reprises. Pas bien longtemps, mais suffisamment pour voir que la ville-lumière dépeinte par Darren Star est fantasmée comme a pu l’être le Paris d’Amélie Poulain. La série enchaîne les clichés sur Paris et plus généralement sur les parisiens/français à un rythme assez effréné, et j’ose à penser que ça en écœurera certain, tant la réalité est tout autre. Dans la série, presque tout le monde fume (parce que c’est très chic et français de fumer, vous savez ?), même au travail, n’en déplaise à Claude Evin. L’alcool également semble se consommer davantage que le café – vin et champagne en tête – et ceux très tôt le matin. On en viendrait presque à croire que nos amis parisiens demandent un verre de champagne avec « une pain au chocolate » au petit-déjeuner. Cocasse.

La découverte de Paris par Emily devrait faire rêver bon nombre d’étrangers idolâtrant Paris, et montrer de nombreuses différences culturelles qui sont certes parfois vrais, mais en permanence exagéré. On passera rapidement sur la chambre de bonne de 50m2 de notre protagoniste principale, qui dispose sans doute d’une des vues les plus charmantes de Paris, et du fait que son voisin du dessous est sans nul doute l’homme le plus sexy du pays, qui parle bien entendu anglais avec beaucoup d’aisance. Le cliché de l’accent déplorable est vérifié avec bon nombre de personnages, mais pour autant, chacun parvient toujours à trouver les mots justes et se faire comprendre auprès de l’américaine. Contrairement à cette dernière qui se plantera sur pas mal de mots et vous arrachera de nombreux sourires, surtout pour nous, français.

Parce qu’on a tous un voisin gaulé comme un dieu grec à Paris

Le ton ne le permet pas, mais un peu de négatif aurait pu être bénéfique également à la série. Le choc culturel, qui se veut rude, est toujours passé au second plan, et en dehors d’une ou deux scènes, on ne verra jamais Emily être triste ou dépassée par le choc culturel plus de 2 secondes.

Il faut dire qu’Emily est une femme rayonnante. Toujours souriante, éclatante, et ne se laissant jamais abattre. Lily Collins est parfaite dans le rôle de l’américaine pleine de vie et de positivité. Certains pourront d’ailleurs être agacés par cette joie de vivre omniprésente. Toutes les amies d’Emily sont du même acabit, entre la fille d’un millionnaire chinois qui a choisi de s’émanciper pour vivre le rêve français et la française héritière d’un château d’une marque de champagne, on reste dans les clichés assumés, et on en redemanderait presque, tant l’alchimie fonctionne bien à l’écran.

L’excentrique styliste parisien

Les protagonistes masculins confortent également les clichés : charmants, gentlemen, amants performants et pensées lubriques sont de la partie. #MeToo et #BalanceTonPorc sont passés par-là (et évoqué brièvement dans le show) mais ne semble pas avoir eu l’effet escompté sur certains hommes de la série, qui se demandent même si certains actes sont sexy ou sexistes ? Une question qui demeure ouverte, dans la série.

Pour les autres personnages, je retiens en vrac la patronne d’Emily, une peau de vache avec un style raffinée, toujours une cigarette au bec, qu’on apprécie autant qu’on déteste. Petite pensée pour Pierre Cadault, un cliché ambulant plein d’extravagance, interprété par Jean-Christophe Bouvet. Et comment passer outre Lucas Bravo, divinement séduisant en chef cuistot !

En bref, Emily in Paris m’a fait passer un très bon moment devant ma télé, accompagné de mon plaid et mon chocolat au lait.
Est-ce une série dont je me souviendrais avec tendresse dans quelques mois ? Probablement pas, mais je reviendrai volontiers pour une saison 2 s’il y a (et au vu de la fin… la porte est grande ouverte).
En tant que provincial, j’aime m’imaginer la ville de l’Amour comme elle est peinte dans la série. Qu’importe si le retour à la réalité est rude, si Paris n’est pas la ville parfaite. Elle est belle. Et encore plus avec Emily dans les parages.

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