Quand j’ai vu passer la bande-annonce de Tout pour la lumière, diffusée depuis mi-juin sur TF1 et disponible en avant-première sur Netflix, je ne savais pas exactement à quoi m’attendre. Une série quotidienne française, diffusée tout l’été, avec 90 épisodes annoncés ? Je n’étais pas franchement client du format. Il faut dire que ce type de fiction, très codé à la télévision française, ne m’avait jamais vraiment accroché jusque-là (sauf Plus Belle la vie à ses débuts, mais il y a plus de 20 ans…)
Mais une chose a suffi à me convaincre de lui donner sa chance : l’univers. Une école de chant, de danse, de musique, avec des jeunes artistes en quête de lumière, de reconnaissance et surtout d’eux-mêmes. Et là, mon cœur a immédiatement fait boum. Parce que cet univers-là, c’est le mien. Avant, j’étais producteur de comédies musicales. J’ai grandi et vibré au rythme des comédies musicales, de la Star Academy, des voix qui s’élèvent, des corps qui bougent, de la scène qui palpite. Et les séries chorales qui plongent dans ce monde-là, de Glee à Un Dos Tres, ont toujours eu une place toute particulière dans ma vie de sériephile.
Alors j’ai appuyé sur “lecture”. Et je ne me suis pas arrêté depuis.

Dès les premiers épisodes, Tout pour la lumière pose son décor : le studio Lumière, à la Ciotat, une école d’arts, de chant, de musique, un peu comme la Star Ac, mais sans les caméras. On y accueille chaque année une nouvelle promo de jeunes talents, tous prêts à tout donner pour vivre de leur passion. Le format de la série est résolument choral – et c’est l’une de ses forces majeures. Une galerie de personnages attachants, fragiles, fougueux, orgueilleux, drôles, paumés ou flamboyants, chacun avec son parcours, ses blessures et ses rêves. Il y a du monde, et c’est justement ce que j’adore.
Parmi eux (je ne peux tous les citer, mais j’irais sur mes préférés) :
- Victoria, le personnage central de la série. Ancienne gloire des années 2000 grâce à son tube “Sur mon étoile”, elle revient 20 ans après avoir arrêté sa carrière suite à l’accident de sa mère (la directrice de l’école). Elle va devenir coach dans l’école, tout en essayant de décrocher un deal avec un producteur pour les élèves.
- Hadrien, plus discret, plus réservé, mais incroyablement touchant. Sa timidité n’est qu’une façade, et plus les épisodes avancent, plus il révèle une profondeur bouleversante. Il est l’ingé son de l’école, et le fils du patron de la Comète, le café en face du studio (et également le frère de Solen et Elise…)
- Julian, le rebelle du groupe, grande gueule, souvent dans la provocation, mais terriblement charismatique, avec son style de rockeur. Il collectionne les mecs d’un soir. Sa relation qui naît avec Hadrien dans les semaines suivantes (vers la troisième semaine) c’est clairement mon arc narratif préféré. Une romance gay qui évite les clichés, qui prend son temps, qui touche droit au cœur.
- Tess, influenceuse sur les réseaux sociaux. Elle a fait le buzz avec une reprise, mais en réalité, elle ne sait pas chanter. Explosive, intense, avec une énergie folle. Elle se montre beaucoup plus touchante qu’on ne le pense en premier lieu.
- Solen : En apparance, c’est la peste de service, qui semble très dure avec sa soeur Elise, prête à tout pour réussir et lancer sa carrière. Mais vous le savez, ce type de personnage n’est pas si mauvais qu’on ne le pense.
- Élise, probablement l’un des personnages les plus discrets au départ… mais clairement un bijou. Elle a cette retenue qui pique la curiosité. On sent qu’elle va éclore, exploser, prendre toute la lumière qu’elle mérite. J’ai hâte de la voir briller. C’est dans les personnages féminins je pense, la chouchou des spectateurs.
Mais ce ne sont là que quelques noms parmi une constellation de visages et de voix. Je pourrais citer Noah, le premier de la classe agaçant mais attachant, Nills, le bad boy qui n’hésite pas à filmer ses conquêtes pour son compte Onlyfans, Maddie, la bonne copine, Marina, la prof de danse touchante, Baya, la fille de Victoria, agaçante ou bien encore Eden, le frère de Victorien au talent fou. Chaque personnage, même secondaire, a droit à son moment. Ce souci du détail, cette envie de montrer une diversité de parcours, de corps, d’histoires, fait toute la richesse de la série.

On sent que la production de TF1 n’a pas voulu faire dans le cheap. Les décors naturels sont magnifiques. Les plans sont souvent lumineux, colorés, très estivaux. Et surtout, la série réussit un vrai tour de force : ne pas tomber dans le too much, tout en gardant une forme de tension permanente. Car si la série est portée par des jeunes adultes, elle n’est pas “jeune” dans le sens réducteur du terme. Les thématiques abordées sont très matures : abandon, pression familiale, identité, compétition, santé mentale, sexualité, jalousie, recherche de soi.
Et ça sonne juste.
Même les dialogues, souvent faibles dans les fictions quotidiennes, trouvent ici une vraie sincérité. Les personnages parlent comme on parle, vivent comme on vit, rêvent comme on rêve.

Côté musical, la série propose régulièrement des chansons interprétées par les élèves. C’est une belle initiative : toutes les musiques sont disponibles sur les plateformes de streaming (Spotify, Deezer, Apple Music…) au fur et à mesure. On peut donc les réécouter après chaque épisode, et ça permet de prolonger l’immersion dans l’univers du Studio. Le single de Victoria “Sur mon étoile”, est déjà un banger pour moi. On a aussi le droit au solo “T’es beau” de Solene ou encore la chanson phare d’Elise que j’écoute en boucle.
Mais… et c’est là mon gros regret : il n’y a pas assez de musique dans la série elle-même.
Quand on pense à une série musicale comme Glee, on avait en moyenne cinq à six chansons par épisode. Des reprises, des réorchestrations, des mashups, des moments chantés qui étaient le cœur même de la narration. Ici, on est loin du compte. Il n’est pas rare qu’un épisode entier ne contienne qu’une seule chanson, parfois même une simple répétition ou un court extrait. Frustration maximale. Alors que certaines reprises mériteraient d’être dispo en entier sur les plateformes. Le White Flag d’Iris par exemple ou le “Ecris l’histoire” d’Eden.
Quand on aime autant la comédie musicale que moi, on a envie que ça chante, que ça danse, que ça claque des doigts et tape du pied. J’aurais aimé que Tout pour la lumière aille plus loin dans cette direction, ose le full musical, ou du moins augmente le quota musical par épisode. Ce n’est pas un détail, c’est la colonne vertébrale d’un projet comme celui-ci.

Je l’ai dit plus haut : je ne suis pas, de base, très friand des séries quotidiennes françaises. J’ai toujours eu l’impression qu’on y sacrifiait un peu la qualité pour la quantité, que les intrigues tiraient trop en longueur, que le rythme s’essoufflait.
Mais Tout pour la lumière a su éviter cet écueil, notamment grâce à sa promesse d’un format limité : 90 épisodes pour tout l’été. On sait qu’on n’est pas embarqué pour dix saisons. C’est un récit avec un début, un développement et une fin. Et ça change tout.
Ça rend l’expérience plus engageante. On s’attache aux personnages, on veut savoir ce qui va leur arriver, mais on n’a pas l’impression d’embarquer dans un tunnel sans fin. Et le rythme est bien géré : chaque semaine apporte son lot de révélations, de tensions, de surprises.

Il y a aussi, et surtout, quelque chose de profondément personnel dans mon attachement à cette série. L’école artistique, les auditions, les rivalités, les répétitions, les doutes, les coups de foudre… J’ai connu ça. Pas à l’écran, mais sur scène, en coulisses, en production. J’ai vu des jeunes artistes se révéler, s’effondrer, renaître. J’ai vibré au rythme de ces trajectoires lumineuses et fragiles. C’était mon histoire et mon passé, donc évidemment que je me sens engagé dans cette série.
Tout pour la lumière me reconnecte à cette époque-là. Elle rallume une étincelle. Et ce n’est pas rien.

Je l’ai dit plus haut en présentant les personnages, il y a cette intrigue amoureuse qui nait au fur et à mesure entre Julian, qui collectionne les conquêtes, et Hadrien, plus sérieux, plus timide, qui cherche quelque chose de vrai et sincère. Les deux jeunes hommes sont très différents, et pourtant, le feeling est là et je me sens totalement embarqué dans ce qu’ils vivent.
Julian, habitué aux couples ouverts, Hadrien, qui sort d’une relation exclusive de cinq ans… Plus différents, tu meurs. Mais j’ai hâte de les voir construire progressivement leur petit bout de chemin.

Non, Tout pour la lumière n’est pas parfaite. Elle manque parfois d’audace musicale, elle pourrait encore mieux exploiter son décor ou certaines intrigues secondaires. Mais ce qu’elle propose, elle le propose avec sincérité, avec cœur, avec talent.
Elle est une bouffée d’air frais dans le paysage audiovisuel français. Une fiction estivale qui ose parler d’art, de passion, d’amour et d’ambition sans cynisme. Une série chorale qui donne sa place à chacun, qui valorise la diversité, qui célèbre la jeunesse sans la juger.
Et surtout, elle me fait du bien. Et aussi, je suis clairement sous le charme de Julian et Hadrien.
Alors si vous ne l’avez pas encore regardée, foncez. Et si, comme moi, vous aimez Glee, Un Dos Tres, les comédies musicales, les grandes histoires d’amour, les intrigues d’école artistique, les personnages en quête d’eux-mêmes… cette série est faite pour vous.