Pourquoi Melrose Place a perdu ses figures phares après la saison 5 ? On décrypte le phénomène des années 90 !

Après les séries Dallas et High Secret City, je reviens cette semaine sur une autre de mes madeleines de Proust, la petite sœur de la série Beverly Hills (qui était à la mode si vous étiez un adolescent des années 90), j’ai nommé Melrose Place. Exit les lycéens, on va suivre ici une bande de trentenaires qui ont pour point commun de tous vivre dans le même immeuble, la fameuse résidence de Melrose Place. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les résidents se sont succédé au fil des 7 saisons que comporte la série.

Le premier casting plutôt sage de la série

Dareen Star et Aaron Spelling, les papas de Beverly Hills, voulaient donc développer un nouveau concept, et flirter avec le soap-opéra des années 80 (comprenez une série ayant autant de saisons ou de succès qu’un Dallas ou un Côte Ouest). Au départ, Spelling souhaite une série dérivée où les personnages sont étudiants à l’université. Darren Star préfère se focaliser sur la vie quotidienne de jeunes adultes : un bad boy marginal au grand cœur, une standardiste rêvant de faire carrière dans la pub, un écrivain en devenir… Seul mot d’ordre : que chaque personnage soit séduisant (et spoil : ils l’étaient). L’accent est également mis sur le fait que chacun est loin de sa famille et n’aura donc pour attaque que ses voisins.

Le premier casting est assez classique, même si on peut noter le fait que les deux créateurs ont voulu mettre en avant des minorités très peu représentés à la télévision. Si les dirigeants de la Fox (la chaîne de diffusion), n’ont rien à redire sur Rhonda, incarnée par une actrice noire (Vanessa Williams), ils sont de base plutôt contre l’intégration dans le cast principal d’un personnage homosexuel. Aaron Spelling insiste et ira même jusqu’à dire “Dans 20 ans, être gay entrera dans les mœurs“. La chaine accepte et Doug Savant (futur Tom Scavo de Desperate Housewives) est engagé pour intégrer le gentil docteur Matt Fielding.

Matt Fielding, premier personnage gay au rôle principal !

Si la présence de Matt Fielding, personnage homosexuel, dans le cast principal de la série se montre comme une réelle avancée pour l’époque, il est à noter qu’en 1994, le il devait embrasser à l’écran l’un de ses amants. La scène a été tournée et a été coupée à la demande des responsables de la chaîne FOX. À l’écran, si le baiser n’apparaît pas, il est suggéré par un mouvement physique de Matt Fielding vers son amant et par la réaction de Billy Campbell, témoin de la scène depuis la fenêtre de son appartement.

Autour d’eux, des personnages attachants vont vite prendre leur place dans la résidence et dans la vie quotidienne des téléspectateurs. Michael (Thomas Calabro) et Jane (Josie Bisset) représentent le coule modelè de l’immeuble, Allison (Courtney Thorne Smith) est la jeune héroïne par excellence qui va perdre sa colocataire et devoir cohabiter avec le beau gosse de service, Billy (Andrew Shue). Pour faire le lien avec Beverly Hills, on ajoute Jake (Grant Show, alias Blake dans Dynasty de ces dernières années), l’ex petit copain de Kelly de la série mère. Tandis qu’on ajoute Sandy, une apprentie comédienne, comme colocataire de Rhonda.

Très rapidement, la première saison voit ses audiences chuter. C’est la panique en coulisse et la ligne de conduite de la série va s’en voir changer. Amy Locane, alias Sandy, est congédiée et remplacée par Jo Reynolds (Daphné Zuniga), une photographe new-yorkaise venue ici pour fuir son mari alcoolique et violent. Il en est de même pour Rhonda, qui s’en ira à la fin de la saison.

Sydney et Kimberley, les deux pestes de la série vont faire vivre des rebondissements aux habitants !

Les personnages évoluent : Michael passe du gentil mari à un homme à femmes, qui entamera notamment une liaison avec sa collègue, Kimberley Shaw (alias Marcia Cross, future Bree Van de Kamp !). Embauchée pour un épisode, elle rejoint finalement le cast principal pour plusieurs années, et va devenir sans le savoir, l’un des trois visages emblématiques de la série. Les deux autres visages arrivant également en première saison.

Avec notamment l’ajout d’Heather Locklear (venue de Dynasty), dans le rôle de l’antagoniste Amanda Woodward qui va réellement faire décoller la série. Elle sera d’ailleurs la mieux payée du casting jusqu’à la fin de la série. Enfin, autre ajout notable en cours de la première saison, Sydney Andrews, la petite sœur de Jane. La petite sœur candide, toujours dans les mauvais coups, est l’un des plus appréciés du feuilleton (tellement que la suite, version, 2009, sera lancée autour de ce personnage).

Qui a peur d’Amanda Woodward ?

La série est donc lancée et peut vivre ses péripéties saison après saison. La mort accidentelle de Brooke (Kristin Davis de Sex and the City), épouse de Billy, dans la piscine. Des tentatives de meurtres, d’escroquerie, la vie sentimentale des personnages (les uns sortants avec les autres, les infidélités, les grandes histoires d’amour, les mariages…). À compter de la saison 2, on peut observer une certaine cruauté qui s’installe. La saison 3 est axée sur la folie et le côté malsain et la saison 4 tournée sur la violence. À partir de la saison 5, le rythme s’adoucit pour laisser place a une ambiance plus mélodramatique.

La saison 3 est sans doute l’une des meilleures. Trahisons, vengeances, manipulations, jalousies et tentatives de meurtre permettent à Melrose Place d’atteindre son paroxysme. À la dérision de la saison précédente s’ajoute un véritable grain de folie qui rend chaque épisode imprévisible. On peut aussi relever Kimberley qui fait sauter tout l’immeuble en saison 4. Un passage épique et totalement dingue qui m’avait scotché alors que je découvrais adolescent la série sur TF1 en rentrant du collège.

Le très très vaste casting de la saison 5… Le début de la fin ?

La saison 5 marque un tournant dans la série avec l’introduction de cinq personnages (Taylor, Kyle, Megan, Jennifer et Craig) et surtout le départ successif de sept piliers (Jo, Jane, Kimberly, Jake, Sydney, Matt et Alison). Le ton devient plus réaliste et mélancolique. Sydney s’assagit, Kimberly est mourante. Il faut compter sur Taylor pour créer des mélodrames avec Amanda et Peter. Et sur Michael pour toujours être à la hauteur en matière de coups bas.

Pour la presse, comme pour les fans, les départs des figures emblématiques de la série vont grandement nuire à la série. La saison 6 subissant de lourdes pertes d’audiences, la production se sépare de nombreux personnages (Billy, Samantha, Jennifer, Taylor, Craig et Cooper), ajustant ainsi son casting pour la toute dernière saison.

Après le départ des piliers, le casting change !

Mais pourquoi tous ces départs en saison 5 ? Auraient-ils pu être évité et permettre ainsi à Melrose Place de conserver son casting digne des plus grands soap-opéras et dépasser les 10 saisons, comme sa grande sœur Beverly Hills ? Pas certain…

Josie Bisset (Jane), quitte la saison 5 en cours de route après une fausse couche, et avait besoin de s’éloigner de la série. Daphné Zuniga (Jo) quitte la série car elle est lassée de la tournure scénaristique qu’a prise la série qui selon elle a baissé en qualité. Marcia Cross (Kimberley) épuisée par le rythme de tournage (tournage de deux épisodes à la fois), quitte la série et reprend ses études universitaires en psychologie. Grant Show (Jake), veut se consacrer au cinéma. Courtney Thorne Smith (Allison), quitte la navire à cause de conflits personnels (notamment liée à sa rupture avec Grant Show). Doug Savant (Matt), suivra quant à lui le départ de sa compagne et future épouse, Laura Leighton (Sydney).

Laura Leighton quitte la série après des négociations de salaire infructueuses, TV Guide notifie que Laura Leighton a réclamé le même salaire que Heather Locklear ce qui lui sera refusé. Ce qui a mon sens est tellement dommage, la saison 5 la mettant bien en valeur et lui donnant (enfin), un happy end. Elle s’amourache en cours de saison de Craig Field (alias le beau gosse David Charvet, le français vu dans Alerte à Malibu), mais ses noces sont de courtes durée. Elle se fait renverser par une voiture à la sortie de l’église…

Sydney est de retour pour la version 2009

Ce que l’on pensait être là une mort horrible et injuste pour l’un des personnages phares et les plus appréciés de la série s’avérera être fausse. 12 ans après, dans Melrose Place Nouvelle Génération, l’on apprend que Sydney est en réalité vivante. Une sombre affaire l’obligeait a s’enfuir et à protéger son nouveau mari. Elle a profité de cet accident, pour falsifier sa mort avec la complicité de Michael.

Le personnage de Craig Field, devenu veuf inconsolable, mettait fin à ses jours, dans Mercedes sur la plage. 12 ans après, le téléspectateur apprend alors que son suicide est doublement tragique. Cette suite ne durera que 18 épisodes mais de très nombreux personnages de la série d’origine viendrons gonfler les rangs des nouveaux personnages.

La série fait toujours parler d’elle, comme ici en 2012, dans un magazine américain

Plusieurs scénarios ont été envisagés pour conclure la série au terme de sa septième saison. D’abord celui de faire un parallèle entre la résidence de Melrose Place et l’Enfer, en faisant revenir plusieurs personnages emblématiques décédés comme Kimberly, Sydney et Brooke. Mais cela aurait coûté trop cher à la production. Ce qui est dommage, c’est que l’épisode final ne marquera pas les esprits (même s’il permettra au couple emblématique Amanda/Peter d’avoir sa fin “heureuse”).

Parmi les anecdotes notables des comédiens, ils ont souvent expliqué avoir eu des difficultés à interpréter des situations farfelues. La scène dans laquelle Kimberly enlève sa perruque et révèle une énorme cicatrice en deuxième saison a posé des difficultés à Marcia Cross : « Rien de tout ça n’était appris dans un cours de comédie ». Dans une scène mémorable, Amanda découvre dans son bureau son ancien patron, Bruce, pendu à une corde. À la réalisatrice Victoria Hochberg qui lui demande de s’approcher du cadavre, Heather Locklear raconte avoir répondu : « Si je vois quelqu’un pendu, est-ce que je vais vraiment m’approcher de lui ? ».

Melrose Place, c’est aussi un casting de beau gosse !

Et vous, quels souvenirs gardez-vous de cette série ?

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