L’homosexualité dans Dragon Ball : entre sous-textes, fanfictions et représentation

Le manga et l’anime Dragon Ball de Akira Toriyama sont incontestablement des piliers de la culture geek mondiale. Avec ses combats titanesques, ses personnages attachants et son univers riche, Dragon Ball a marqué des générations de fans depuis les années 1980. Mais lorsqu’on aborde des questions de diversité et de représentation LGBTQ+, ce shōnen semble, à première vue, être en retrait. Pourtant, l’homosexualité, bien que rarement abordée de manière explicite, est un sujet que les fans ont su explorer, réinterpréter et célébrer à leur manière.

Les personnages queer dans Dragon Ball : une rareté ambiguë

Lorsqu’on cherche des personnages ouvertement homosexuels dans Dragon Ball, la tâche s’avère compliquée. Cependant, quelques figures marquent par leur ambiguïté ou leur excentricité.

Le cas du Général Blue

Introduit dans la saga du Ruban Rouge, le Général Blue est souvent cité comme un des rares personnages dont l’homosexualité est déclarée. Toriyama le dépeint comme un homme maniéré, dédaignant les femmes et montrant un certain intérêt pour les hommes. Bien que cette représentation puisse aujourd’hui paraître stéréotypée et caricaturale, elle témoigne de l’existence d’un personnage queer dans l’univers de Dragon Ball. Toutefois, son rôle reste celui d’un antagoniste, ce qui limite sa portée en tant que figure positive pour les fans LGBTQ+.

Zarbon, l’énigmatique et séduisant guerrier

Membre de l’escadron de Freezer, Zarbon est souvent interprété comme un personnage queer par les fans. Avec son apparence androgyne et son soin apparent pour son esthétique, il brise certains codes de la masculinité traditionnelle des shōnen. Bien que rien ne soit explicitement mentionné dans l’œuvre, son design et son attitude ont inspiré de nombreuses interprétations au sein de la communauté queer. Mais tout comme Blue, nous partons ici sur un antagoniste.

Les Kaioshins et les anges : un soupçon d’ambiguïté divine

Certains fans ont également spéculé sur les Kaioshins, particulièrement Kaioshin de l’Est (Supreme Kai) et Whis, l’assistant de Beerus. Leurs manières raffinées et leur éloignement des normes relationnelles humaines ouvrent la porte à des interprétations queer-friendly. Whis, en particulier, a une fluidité qui résonne avec certaines expériences non-binaires ou queer.

La communauté LGBTQ+ et l’univers de Dragon Ball

Malgré l’absence de représentation explicite, Dragon Ball a su captiver de nombreux fans LGBTQ+. Mais qu’est-ce qui attire cette communauté vers un univers apparemment centré sur des idéaux de force brute et de masculinité exacerbée ?

Les personnages de Dragon Ball par exemple, sont souvent plus grands que nature, avec des looks iconiques et des personnalités marquées. Goku, Vegeta, Bulma ou encore Freezer inspirent une fascination qui dépasse les simples frontières narratives. Pour de nombreux fans queer, ces figures héroïques ou flamboyantes incarnent des formes de pouvoir et d’expressivité souvent rêvées.

Les relations entre personnages masculins, comme celle de Goku et Vegeta, ont souvent été revisitées par les fans LGBTQ+. Leur rivalité intense, leur obsession mutuelle et leur respect grandissant au fil des arcs narratifs ont été interprétés comme des bases potentielles pour des relations plus profondes dans des fanfictions ou des fan arts.

L’univers de Dragon Ball offre un terrain fertile pour des réinterprétations. De nombreux fans LGBTQ+ s’approprient les personnages pour déconstruire ou jouer avec les normes de genre et de sexualité. Les transformations en Super Saiyan, par exemple, peuvent être vues comme une métaphore de l’épanouissement personnel, une idée qui résonne avec les expériences de coming-out ou d’affirmation de soi.

Les fanfictions, yaois et doujinshis : un espace de liberté

Dans le cadre des yaois (mangas centrés sur des relations homosexuelles masculines, souvent créés par des femmes pour des femmes), Dragon Ball est une source d’inspiration majeure. Des couples comme Goku x Vegeta ou Trunks x Goten sont particulièrement populaires. Ces récits permettent d’explorer des dimensions émotionnelles ou sexuelles qui restent absentes de l’œuvre originale.

De nombreux doujinshis (mangas amateurs) explorent des thèmes LGBTQ+ en réimaginant l’univers de Dragon Ball. Certains artistes queer utilisent ces œuvres pour projeter leurs propres expériences, tandis que d’autres profitent simplement de l’opportunité pour subvertir les normes imposées par l’œuvre originale.

Le couple Goku/Vegeta est emblématique dans les fanfictions yaois. Leur dynamique de rivaux transformés en alliés, leur complicité croissante et leur complémentarité naturelle font d’eux un duo particulièrement propice à l’interprétation romantique. Les fans utilisent souvent ces récits pour explorer des thèmes comme la vulnérabilité, la rédemption ou l’amour inconditionnel.

Goten et Trunks : pourquoi leur amitié inspire un couple adoré des fans LGBTQ+

L’univers de Dragon Ball regorge de personnages et de relations fascinantes, mais l’une des amitiés les plus marquantes de la série est sans aucun doute celle entre Goten, le fils de Goku, et Trunks, le fils de Vegeta. Leur lien, développé dès leur enfance, a captivé les fans LGBTQ+, qui ont vu en eux un potentiel romantique. Ce duo a inspiré des tonnes de fanfictions, fan arts et discussions passionnées, notamment lorsqu’ils sont représentés adolescents ou adultes. Alors, qu’est-ce qui rend ce couple fictif si spécial pour la communauté queer ?

Dès leur première rencontre, Goten et Trunks se démarquent par une amitié fusionnelle. Ils partagent une complicité immédiate, passant leur temps à jouer, à s’entraîner et à participer à des bêtises enfantines. Contrairement à leurs pères, souvent en compétition, Goten et Trunks affichent une relation basée sur l’égalité et le respect mutuel.

Leur lien devient encore plus fort lorsqu’ils apprennent la technique de la fusion, qui les transforme en Gotenks. Cette fusion est littéralement une métaphore de leur connexion : deux êtres qui ne font plus qu’un pour devenir plus puissants. Cette idée de complémentarité parfaite résonne particulièrement auprès des fans LGBTQ+, qui peuvent y voir une représentation métaphorique d’un couple idéal ou d’un partenariat équilibré.

Si Goten et Trunks sont des enfants dans la majorité de Dragon Ball Z, ils grandissent dans Dragon Ball GT et Dragon Ball Super, offrant une nouvelle dimension à leur relation. Adolescents, ils continuent de se soutenir mutuellement, malgré des personnalités qui semblent s’opposer en surface :

  • Trunks est plus extraverti, ambitieux et parfois espiègle, à l’image de son père Vegeta.
  • Goten est plus doux, humble et insouciant, héritant davantage de la nature paisible de Goku.

Ces différences les rendent complémentaires, un trope classique dans les histoires d’amour fictives. Les fans LGBTQ+ s’emparent de ces traits pour imaginer une relation où Trunks pourrait encourager Goten à sortir de sa zone de confort, tandis que Goten offrirait à Trunks une stabilité émotionnelle.

Les œuvres de fans mettant en scène Goten et Trunks adultes explorent souvent des thèmes comme le coming-out, l’acceptation de soi et l’amour interdit.

Les fanfictions et les doujinshis ont joué un rôle central dans la popularité du couple Goten/Trunks. Ces œuvres explorent des scénarios variés. Et l’on peut noter également le formidable manga parodique espagnol, Dragon Fall (actuellement en réédition au format “Perfect), dans lequel Trunks et Goten sont officiellement en couple et amoureux dans la partie sur Dragon Ball GT.

Bulma, icône gay dans Dragon Ball

Parmi les nombreux personnages de Dragon Ball, Bulma, l’ingénieuse scientifique et fondatrice de Capsule Corporation, se distingue comme une figure particulièrement appréciée par les fans LGBTQ+. Avec son style flamboyant, son indépendance et son rôle central dans l’intrigue, Bulma incarne un modèle d’empowerment et de charisme qui séduit particulièrement les gays. Mais pourquoi exactement ce personnage est-elle devenue une icône dans la communauté queer ?

Bulma est l’incarnation de la femme moderne dans un univers souvent dominé par des guerriers masculins. Dès ses débuts dans Dragon Ball, elle montre qu’elle est bien plus qu’un personnage secondaire.

  • Elle est intelligente, innovante et autonome. Sa création du radar à Dragon Balls est essentielle à l’intrigue.
  • Elle n’a pas peur de s’imposer, que ce soit face à Goku, Vegeta ou n’importe quel autre personnage.

Cette force et cette assurance résonnent chez les fans queer, qui s’identifient souvent à des personnages capables de défier les normes et de tracer leur propre chemin.

Bulma est aussi célèbre pour son sens de la mode. Dans chaque arc, elle arbore des tenues variées, colorées et audacieuses. Cette attention portée à son apparence fait d’elle une véritable icône de style, un trait souvent célébré dans la culture gay.

Ses looks sont une affirmation de sa personnalité exubérante et confiante. Elle montre qu’on peut être à la fois intelligente, belle et audacieuse, une combinaison qui inspire de nombreux fans LGBTQ+.

Bulma agit souvent comme une alliée pour les autres personnages. Elle n’hésite pas à soutenir ses amis, qu’il s’agisse de Goku, de Vegeta ou de ses propres enfants.

  • Elle est une figure protectrice, mais jamais dans un rôle de victime ou de simple accompagnatrice.
  • Sa relation avec Vegeta, bien que complexe, montre une femme capable de comprendre et de transformer même les cœurs les plus endurcis.

Pour de nombreux gays, Bulma représente une figure maternelle moderne : forte, aimante et toujours là pour soutenir ses proches.

Bulma ne se contente pas de soutenir les héros ; elle est une héroïne à part entière. Sa capacité à tenir tête à Vegeta, son esprit vif et son audace en font une source d’inspiration pour les fans LGBTQ+.

De plus, son rôle dans la série dépasse les stéréotypes traditionnels de genre. Elle est à la fois une scientifique brillante, une femme élégante et une mère attentionnée. Cette polyvalence résonne avec les expériences queer, souvent marquées par le besoin de naviguer entre différentes identités.

Au-delà de ses actions dans Dragon Ball, Bulma est une figure d’audace. Elle n’a jamais peur de prendre des risques ou de se battre pour ce qu’elle veut, qu’il s’agisse d’atteindre ses objectifs scientifiques ou de conquérir Yamcha ou Vegeta.

Pour les gays, qui doivent souvent affronter des obstacles sociétaux, Bulma représente une inspiration : celle de vivre sans compromis et d’embrasser pleinement sa personnalité.

L’avenir de Dragon Ball : vers une inclusion explicite ?

Alors que des franchises contemporaines comme One Piece ou My Hero Academia commencent à intégrer des personnages ouvertement LGBTQ+, Dragon Ball pourrait évoluer dans ce sens. La franchise est déjà un phénomène intergénérationnel, et introduire une représentation plus diversifiée pourrait renforcer son impact culturel.

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