Pendant 6 semaines, une émission a réussi le pari de me coller devant la télévision chaque soir de la semaine à 17h30, et chaque samedi soir en prime time. A l’heure des plateformes, c’est un pari plutôt réussi pour quelqu’un comme moi qui déteste être confronté à la publicité.
Il y a deux ans, j’évoquais sur le blog avoir “retrouvé” la Star Academy en 2020 grâce à la production qui a mis en ligne l’intégralité des primes de toutes les saisons de cette émission phare sur Youtube. C’est ainsi que j’ai replongé dans les promotions remportées par Jenifer, Nolwen Leroy ou encore Elodie Frégé avec beaucoup de nostalgie et d’émotion. Car oui, la Star Academy, c’est une part importante de mon adolescence. Je ne loupais aucune émission, aucune quotidienne, ni prime. Je collectionnais les magazines et les posters avec ceux que je considérais comme mes héros du quotidien.
Oui, la Star Academy a eu un impact énorme sur le jeune homme en devenir que j’étais. Les tableaux de Kamel Ouali ont sans doute inspiré ma future carrière de producteur de spectacles et de comédies musicales, aujourd’hui encore Sofia Essaidi, éliminée en demi-finale de la troisième saison, est l’une de mes artistes préférées. Bref, autant dire que lorsque l’on m’a annoncé que la Star Academy revenait sur TF1, 20 ans plus tard, j’étais en joie, j’étais excité, et j’étais prêt le 15 octobre devant ma télévision.
Avec une saison plus courte que les précédentes – faute de coupe du Monde – de seulement 6 semaines, j’étais d’emblée déçu. Comment allions nous suivre ces nouveaux élèves, les voir progresser et nous attacher en si peu de temps ? C’était sans compter sans la modernité du casting et la réussite de ce dernier.
Durant 7 primes et des dizaines de quotidiennes, j’ai suivi ces 13 nouveaux élèves et leur corps professoral, en discutant chaque jour de l’émission avec mes amis, Shannon et Niwa, en faisant la promotion à mon travail de mes élèves préférés, qu’ils soient Louis, Carla ou Enola. Et j’ai pris un plaisir sans nom à suivre chaque évaluation, les attributions des chansons du prime, les shows en direct et les différents cours.
Exit Armande Altai, Kamel Ouali ou encore Oscar Sisto, la production a renouvelé le corps professoral avec des personnalités marquées et talentueuses. Yanis Marshall sort évidemment du lot. Le nouveau prof de danse, flamboyant, a su imposer son style. Je le connaissais de nom depuis plus d’une dizaine d’années, mais il émerge complètement et sort du lot dans l’émission. A l’image d’Adeline, la nouvelle prof de chant, bienveillante et hautes en couleur qui aura su s’imposer comme une nouvelle figure marquante du show.
Michael Goldman, le nouveau directeur, n’est pas en reste. Et pourtant, j’adore Alexia Laroche Joubert, mais le fils de Jean Jacques Goldman a su s’imposer et se montrer comme un bon directeur, juste, trouvant a chaque fois les mots qu’il fallait pour chacun des élèves.
Et c’est bel et bien les élèves qui ont fait la force de ce programme. La mécanique de les voir éliminer deux par deux chaque semaine est déconcertante – mais encore une fois, la saison étant plus courte, ils n’avaient pas le choix – mais on peut constater une chose : cette nouvelle saison a renouvelé le genre de la télé réalité en France.
Si j’ai délaissé la télé réalité il y a plusieurs années déjà, c’est que clairement, je m’y retrouvais pas. Devenue trop trash, trop scandaleuse, chaque participant est le stéréotype d’un autre, tous là uniquement pour faire du buzz et devenir les influenceurs du moment. Rien de très réjouissant. La Star Academy ringardise le genre et fait le pari de réunir des audiences records et inattendus. Un vrai succès pour TF1.
Le prime time du samedi soir a réuni en moyenne 4,2 millions de fidèles (replay compris), mais surtout 42 % des fameuses ménagères, cible majeure des annonceurs publicitaires, et 48 % des 15-34 ans. Un exploit à l’heure où les jeunes désertent la traditionnelle télévision de papa pour se réfugier sur les plateformes. Même satisfaction pour les émissions quotidiennes qui renouaient avec les règles d’une télé-réalité pourtant décriée ; 1,9 million de fans et quasiment les mêmes moyennes sur les cibles que pour le prime time.
Et si le public était là – comme moi – c’est parce que nous nous sommes attachés aux élèves. Il y avait une bienveillance constante. Des jeunes d’aujourd’hui bien élevés, qui s’entraident, qui font passer l’amitié et la camaraderie avant toute chose. Pas de coup bas, pas de méchanceté, que de la gentillesse. Et ça fait du bien. Un programme avec des jeunes plein de valeurs, ou la différence est acceptée. Evidemment, tout n’est pas parfait. Qu’on se le dise: j’ai détesté Léa. Quand l’un de mes amis l’adore, moi je ne comprenais pas. Fainéante, mauvaise langue, elle était finalement celle qui abordait le plus un profil de télé réalité, et par conséquent, elle ne me plaisait pas. Je n’avais qu’une envie : la voir éliminer. Pourtant, elle est restée, jusqu’à la finale… Mais fort heureusement, elle n’a pas gagné.
Le public lui a préféré Anisha, la jeune fille émouvante venue de Madagascar s’est imposée dès le premier prime avec sa reprise de Je suis malade. Ce qui est drôle, c’est que d’emblée, je savais que la finale se jouerait entre elle et Enola, et ça n’a pas manqué. Je suis très content pour Anisha, la jeune fille le méritait amplement et son parcours de vie est tout simplement bouleversant.
Mais comment ne pas penser à Enola et Louis, mes chouchous de la promotion ? Il flottait comme un air de Glee sur cette saison, avec cette amitié qui n’était pas sans rappeler celle de Rachel et Kurt, les héros de la série musicale. Enola, c’est la bonne élève, première de la classe, qui travaille d’arrache pied pour réussir. Et elle mérite tout le succès qui l’attendra. Son ami Louis s’est révélé, semaine après semaine. Il est touchant et a relevé les défis les plus dingues. Comment en tant que gay, ne pas être fier de voir ce jeune homme en prime time chanter et danser en talons sur Born This Way en clamant qui il est ?
Car cette saison a su se montrer gay-friendly et plus ouverte que n’importe laquelle des précédentes. Yanis Marshall, loin de vouloir être l’étendard d’une communauté, s’affirme sans détour. Louis que je viens de citer est gay, mais pas besoin de Coming-out tonitruant comme on a pu l’avoir avec Anne Laure en saison 2, c’est un fait, et non une dramaturgie que l’on va instrumentaliser pour les besoins de la production.
Et puis il y a tous les autres, éliminés semaine après semaine, parmi lesquels Carla, ma grande préférée. Et pourtant, lors du premier prime, ce n’était pas gagné. Mais la super danseuse s’est révélée, et qu’est-ce que je l’ai kiffé. Éliminée un peu trop tôt à mes yeux.
Et que dire de Stanislas, mon autre chouchou. Alors oui, c’est un merveilleux danseur, mais quelle progression et quel interprète. Stanislas et Carla, depuis leur sortie, je les suis sur les réseaux sociaux et j’ai tellement hâte de voir ce qu’ils auront à proposer.
Et maintenant ? Je vais me plonger dans l’album Iconique de la Star Academy, dont les quatre titres solos des finalistes sont également inclus. Des chansons inédites composées et écrites par des artistes qui ont suivi l’émission. Car si les stars internationales ne sont plus au rendez-vous (mais en même temps, l’air des réseaux sociaux a détruit toute raison pour eux de venir faire la promotion en France), les artistes français étaient bien là.
Plus étonnant encore, ils confiaient régulièrement suivre assidument cette nouvelle promotion. Car oui, c’est un fait, cette nouvelle version a su convaincre les anciens et les plus jeunes. On attend maintenant la saison 2023 qui sera – comme annoncé – beaucoup plus longue s’étalent sur plus de trois mois.