“English Teacher” est une série sortie en 2024 et disponible sur Disney+ que j’ai lancé un peu par hasard. Créée et interprétée par Brian Jordan Alvarez, cette comédie en huit épisodes de 25 minutes chacun nous plonge dans le quotidien d’Evan Marquez, un professeur d’anglais ouvertement gay dans un lycée d’Austin, au Texas. La série se veut humoristique, et décide d’aborder de nombreuses thématiques auxquelles les enseignants peuvent être confrontés.

Dès le premier épisode, Evan se retrouve confronté à une enquête interne après qu’une mère d’élève a porté plainte pour l’avoir vu embrasser son petit ami devant des étudiants. Cette situation, bien que sérieuse, est traitée avec une légèreté sympathique, illustrant les défis quotidiens auxquels Evan est confronté en tant qu’enseignant et personne assumant pleinement son identité. La série parvient à aborder des sujets sensibles sans tomber dans le mélodrame, préférant une approche humoristique qui invite à la réflexion sans moraliser.
Le casting de “English Teacher” se ressert autour d’une poignée de personnages. Aux côtés du personnage principal, on retrouve Stephanie Koenig dans le rôle de Gwen, la collègue et meilleure amie d’Evan (absolument hilarante, et seule figure féminine principale), ainsi que Sean Patton qui incarne Markie, le professeur de sport au comportement fantasque (le personnage avec lequel j’ai eu le plus de mal). Ensemble, ils forment un trio dynamique dont les interactions sont à la fois drôles et touchantes. D’autres personnages comme Rick, le conseiller principal d’éducation, ou bien encore le principal du lycée viennent compléter la distribution, apportant d’autres complexités au milieu éducatif.



L’un des points forts de la série réside dans sa capacité à traiter de sujets actuels avec une touche d’humour. Par exemple, lorsqu’un élève demande à Evan des conseils pour faire son coming-out, ce dernier l’oriente vers ses camarades déjà passés par cette étape, soulignant l’importance du soutien entre pairs, mais surtout qu’ayant grandi dans les années 90, l’acceptation de son homosexualité était bien différente de celle d’un jeune d’aujourd’hui. De même, un épisode met en scène une performance de drag par l’équipe de football, abordant ainsi les questions de genre et de respect des différences de manière ludique et éducative. Ces situations, bien que parfois exagérées pour l’effet comique, reflètent des réalités et des débats actuels au sein des établissements scolaires.
Le cadre de la série, un lycée situé en périphérie d’une ville libérale comme Austin, offre un terrain fertile pour explorer les tensions entre progressisme et conservatisme. Evan et ses collègues naviguent dans un environnement où les parents influents peuvent exercer une pression considérable (et le personnage de Linda est en soit tout ce qu’on vient à détester chez les parents d’élèves), et où les élèves, en quête d’identité, expriment leurs propres contradictions. Cette dualité est bien exploitée pour créer des situations comiques tout en posant des questions pertinentes sur l’éducation, la tolérance et l’évolution des mentalités.



Bien que la série soit souvent comparée à d’autres séries se déroulant en milieu scolaire (notamment Abbot Elementary, que j’ai aussi bien apprécié, bien que très différente), elle se distingue par son ton incisif et sa volonté d’aborder des sujets délicats avec audace. Là où certaines comédies préfèrent éviter les controverses, “English Teacher” choisit de les affronter pleinement. Le wokisme est interrogé d’ailleurs par Evan qui ne comprend pas la régression qui se fait depuis l’après Covid en terme d’inclusivité ou d’ouverture d’esprit des élèves.
Cependant, la série n’est pas exempte de défauts. Certains personnages secondaires pourraient bénéficier d’un développement plus approfondi. Gwen, par exemple, bien que sympathique, reste en grande partie définie par sa relation avec Evan et quelques traits caractéristiques, comme le fait que son mari est au chômage. De même, Rick, le conseiller d’orientation, est souvent réduit à des stéréotypes sans réelle exploration de sa personnalité. Et a mon sens, Harry est le personnage le plus sous exploité (disparaissant même de certains épisodes), alors qu’à son arrivée, on pense qu’il deviendra le love interest principal du héros.

Les intrigues amoureuses du personnage principal font également pleinement partie de la série. Evan entretient une relation amicale avec bénéfices avec son ex Malcolm (qui a démissionné du lycée). Tout au long de la saison, leur relation complexe est présente. Sont-ils plus que des amis ? Le sexe veut-il dire quelque chose entre eux ? Evan en pince t-il réellement pour son nouveau collègue Harry ou est)-il amoureux de Malcolm ? Toutes ces questions trouvent réponse dans le dernier épisode de la saison, ou Evan se retrouve à fêter malgré lui son anniversaire dans un bar gay entouré de tous les personnages principaux.
La série offre aussi une réflexion sur les défis du système éducatif moderne, les tensions culturelles et les questions d’identité, le tout avec une légèreté qui n’ôte rien à la profondeur des sujets abordés. Elle rappelle que, même dans les environnements les plus conservateurs, il est possible de trouver des alliés, de provoquer le changement et de célébrer la diversité.
C’est donc une série rafraîchissante qui mérite d’être découverte. Disponible sur Disney+, elle vous fera passer un bon moment, et j’espère pour ma part en découvrir une seconde saison prochainement.