Deliver Us Mars – Une suite qui voit rouge

Version testée : PS5 | Prix conseillé : 29,99€ | Durée de vie : ~10h
Copie procurée par mes soins, précommandé à 26,99€.

C’est durant l’été 2020 que j’ai découvert Deliver us the Moon, une aventure narrative qui m’avait plus qu’agréablement surpris. Outre son propos écologiste alarmant et traité avec autant de finesse qu’un marteau-burin, j’y avais vécu une aventure lourde de sens et j’étais sorti impressionné de ce que le studio était parvenu à faire avec un budget plutôt réduit. Des panoramas somptueux, des puzzles efficaces, une ambiance sonore travaillée et même une localisation française complète, assez rare sur des productions modestes. L’annonce de Deliver Us Mars a donc éveillé ma curiosité, et ma prise en main durant la Gamescom 2022 m’avait plutôt consolé sur le fait que le jeu irait plus loin et disposerait de moyens plus grand pour soigner son épopée. A mon grand désarroi, et après dix heures de jeu, le bilan est malheureusement assez contrasté.


Ramenez les ARCHES à la maison, allez, Kathy, allez

On retrouve une grande partie des mécaniques du premier épisode, ici, la découpe au laser

KeokeN Interactive livre avec Deliver us Mars une suite “directe” à Deliver us the Moon, même s’il n’est pas obligatoire d’avoir fait le premier volet pour comprendre le propos de la suite. On dirige ici Kathy Johanson, fille d’un éminent chercheur et soeur d’une astronaute accomplie. Les premiers chapitres de l’aventure serve de (longue) mise en contexte sur la raison de la mission qui nous attend. D’une part, on comprend par le biais de flashbacks que la planète a largement dépassé le point de non-retour, et de deux, que les espoirs sont très minces, et que la Belle Bleue manque cruellement de ressources pour financer de nouveaux voyages spatiaux.

Problème, notre seul espoir vient des ARCHES, des structures révolutionnaires qui peuvent recréer des conditions de vie “idéales” et inverser le sort de la planète Terre. Une équipe d’astronautes va donc être missionné avec un seul but en tête : ramenez les trois miracles de Mars vers notre planète habitable. S’en suivra diverses révélations sur des colons martiens et sur le passif de la famille Johanson.

Si vous aimez virevolter dans l’espace, vous serez servi !

Comme son prédécesseur, le scénario et les talents de narration du studio ont su capter mon attention sans peine (bien que certains argueront – peut-être à raison – que la fable alarmiste écologique n’est pas bien originale et très à charge) et même si j’ai pesté de nombreuses fois, c’était rarement en réponse à des soucis d’écriture, mais plus lié à une synchronisation labiale inexistante et à de gros soucis d’animations.

10 ans après c’est le moment, allez, Kathy, allez

Car oui, l’un des stratagème du premier jeu, c’était de masquer l’héroïne derrière une combinaison spatiale. On se référait uniquement à la voix, et l’acting était suffisamment bon pour qu’on l’on puisse s’immerger sans que la “vue” ne vieille tout gâcher. Ici, désireux (sans doute) de voir plus grand, le studio s’est évertué à modéliser bon nombre de protagonistes. Si l’idée de base est louable, le rendu pêche beaucoup trop, et on se retrouve avec un rendu final qui dessert plus qu’autre chose l’oeuvre.

Quand on voit ça d’entrée de jeu, on ne peut s’empêcher de rire un peu jaune

Je fais le constat pour la modélisation des personnages, mais le fait est que le jeu dans sa globalité souffre d’un rendu daté. Les animations sont rigides, les textures indignes de la génération dès qu’on s’approche un peu trop près d’une surface, et la gestion de la lumière m’a semblé beaucoup moins réussi dans cette suite. Deux explications potentielles : Mars n’est pas la Lune, et réfléchir la lumière sur des petits cailloux rougeâtre c’est moins pratique que sur des roches blanches. Et sur un plan technique pur, le ray-tracing semble absent sur PS5. Ajoutons à cela les nombreux ralentissements sur console dès qu’il faut afficher une zone un peu vaste, et on arrive à une bilan technique pas franchement folichon.

Malgré ses soucis techniques, le jeu parvient parfois à afficher de somptueux panoramas

Malgré tout cela, les artistes ont réussi à m’impressionner à certains moments de l’aventure. Quelques moments de flottements dans l’espace, des panoramas qui laissent bouche bée une fois sur Mars… comme dirait un rappeur méconnu : C’était beau, c’était magnifique, apocalyptique.

Mars patraque

Reste donc un élément : le gameplay. Dans les grandes lignes, on reste face à une aventure narrative avec quelques puzzles à résoudre par-ci par-là, et une immensité en apparence uniquement, vu qu’on se mangera bien vite un mur invisible à pied, ou un écran qui se floute si on sors d’une zone couverte par notre Rover. Pour qui a exploré la Lune du précédent opus, aucun dépaysement à venir, vous serez en terrain connu. Navigation dans l’espace avec gestion d’oxygène, utilisation de l’ASE pour résoudre des puzzles, positionnement de machines pour rediriger du courant, reconstitution de pièces pour débloquer des holomémoires.

Les puzzles à bases de flux à rediriger ne sont pas toujours des parties de plaisir. Heureusement, ils sont assez peu nombreux.

La grosse nouveauté, c’est finalement ce qui a été montré durant la Gamescom, à savoir l’escalade. A l’instar d’une Lara Croft, notre Kathy a appris la grimpette durant l’enfance et devra mettre ce talent à l’épreuve sur Mars à de nombreuses reprises : escalader une façade martienne, traverser un trou dans un vaisseau écrasé, sortir d’une grotte de glaces… La prise en main demande un peu de doigté (à moins d’aller changer l’option dans le menu accessibilité) mais se révèle plaisante, à l’exception d’un moment particulier de l’aventure où j’ai lutté 10 bonnes minutes avant de réussir à sauter sur un mur face à notre astronaute en herbe.

Il faudra bien être à l’affut du retour sonore pour savoir si Kathy est bien accroché ou non avec ses piolets.

Les +Les –
L’histoire parvient à nous garder captifUne réalisation datée
Une localisation française intégrale, et qualitativeLa modélisation des personnages…
Quelques instants à couper le souffleQuelques couacs techniques (Synchro labiale/ralentissements)
Collectibles qui enrichissent le loreDes puzzles inutilement frustrant

Visage neutre de Johan, avec une pancarte violette montrant un emoji pokerface

Deliver Us Mars est l’exemple parfait du titre qui a plus d’ambitions que de moyens. On sent l’envie du studio néerlandais de voir plus grand, voir plus loin et de donner tout ce qu’il faut pour fournir une suite plus longue, mieux rythmée et plus variée. S’il n’y a pas grand-chose à redire sur l’histoire du titre, tout le reste pâtit de ce manque de moyens. En résulte un jeu maladroit et d’apparence datée, qui arrive à obtenir ses quelques moments de beauté suspendus, mais qui sont trop peu nombreux pour que l’on puisse gommer les écueils techniques et sa réalisation datée.

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