Assassin’s Creed : Unity, c’était un peu l’épisode de la rupture pour moi. Fidèle à mes habitudes envers la licence, j’ai acheté le jeu le jour de la sortie, que je me suis empressé de lancer sur la PS4, avant de déchanter bien rapidement.
Bien sûr, je ne m’attendais pas à un épisode exempt de bugs. C’est assez triste à dire, mais c’est presque dans l’ADN de la série, et jusqu’à là, ça me faisait surtout rire, et ça n’entachait pas réellement l’expérience de jeu. Malheureusement, ce ne fût pas le cas de l’opus parisien. Framerate à la ramasse, bugs de scripts en tout genre, passage sous le décor et visage qui disparaisse (bon, j’admets que celui-là était rigolo) m’ont très rapidement lassé, et je me suis retrouvé à foutre le jeu au placard, pensant ne jamais le ressortir de mon backlog.
Je suis revenu sur mes positions quelques mois plus tard, suite aux dires de CarolineFTZ qui en disait du bien sur Twitter, et aux propos de mon père, qui venait de terminer l’épisode prêté quelques semaines plus tôt, et qui avait pu profiter du jeu de manière convenable (plus de jeu en mode diapositives et pas de bugs trop gênants).
J’ai donc réinstallé le jeu, puis téléchargé les patchs et le DLC « Dead Kings » (de mémoire, ça représentait quelque chose comme 10-12Go, du bon gros patch quoi) et me suis élancé dans le Paris de la Révolution.
Toujours aussi beau et bien plus fluide qu’avant, la (re)découverte de Paris s’est avéré des plus agréables. Je ne vais pas mentir, je ne connais pas Paris par cœur, le provincial que je suis n’ayant pas eu l’occasion de visiter tous les coins et recoins de la Capitale, mais cela m’a semblé sacrément fidèle. L’ambiance est également au top, avec des rues grouillantes de vie, des chants dans les bars, des cris dans une rue, des émeutes çà et là, rien à dire, ça claque bien comme il faut.
Dommage toutefois qu’on se retrouve à incarner un personnage comme Arno, qui ressemble à une bête coquille vide. Plus transparent comme héros, c’était difficilement possible… Le personnage fait franchement tâche, surtout après une très belle intro qui nous fait incarner Arno enfant, c’était osé de la part d’Ubisoft, mais ça m’avait beaucoup plu, et je commençais déjà à m’attacher au personnage. Puis le studio a ensuite tout foiré dans les grandes lignes. Ubi nous a déjà fait le coup avec le 3ème volet de la saga, un prologue démentiel avec Haytham, puis un héros chiant comme la pluie avec Connor. Une fois, passe encore, mais là, c’est vexant !
Concernant l’histoire en elle-même, elle est assez intéressante et gravite, forcément, autour de la Révolution Française. La trêve entre Assassins et Templiers, signé plus tôt, va prendre fin, à cause des idéaux différents des deux clans. La liberté réclamée par les Assassins depuis plusieurs siècles est enfin là. Ce qui ne plait bien entendu pas aux Templiers, qui souhaite garder le contrôle du peuple en tentant d’amener un nouveau gouvernement. Je ne fais qu’effleurer le scénario volontairement pour ne pas trop en dévoiler, mais les scénaristes ont, une fois n’est pas coutume, de sombrer dans une histoire manichéenne. Les personnages sont assez bien travaillés et promettent pas mal de surprises… et de gênes (le Marquis de Sade, pour ne citer que lui).
Au niveau du gameplay, le bon côtoie le maladroit. On appréciera beaucoup l’ajout du mode « infiltration » dans la série, qui fonctionne à peu de chose près comme le mode furtif de la série « Batman Arkham ». Ce simple ajout apporte beaucoup à la licence. Agir comme un gros bourrin (comme Connor ou Edward) appartient presque au passé désormais, il faudra se cacher, éliminer discrètement et ne pas faire de bruit afin de ne pas faire rappliquer toute une panoplie de gardes bien plus menaçant et retors qu’avant. Les combats sont ici bien plus exigeants. Les ennemis n’attendent plus en file indienne pour se faire tuer un par un, ils vous encerclent et tentent de vous faire la peau. Leur manque d’intelligence est donc compensé par une agressivité sans faille, et il faudra respecter une certaine rythmique (comme avec Batou) pour attaquer et parer correctement, et espérer survivre plus de 5 secondes. Car oui, la vie d’Arno fond maintenant comme neige au soleil. On ne joue plus un tank comme par le passé, mais un frêle jeune homme qui va devoir améliorer son armure au fur et à mesure de sa progression. Car c’est là le 2ème ajout intéressant de l’épisode, l’arrivée d’une petite dimension RPG, avec des statistiques sur notre équipement, et un simili système de niveau qui marche plutôt bien.
Les points qui fâchent sont en revanche toujours les mêmes… Le système de free-run, qu’Ubisoft tente d’améliorer d’opus en opus (l’arrivée d’un bouton pour contrôler sa descente est appréciable), est toujours aussi bancal, notre héros ayant le don de s’accrocher à toutes les surfaces qui présente une petite protubérance. C’est sympa quand on tente effectivement de faire grimpette, mais voir son personnage sauter tout à coup sur un mur sans raison peut surprendre…
On passera rapidement sur les doublages, les développeurs ont toujours fourni des doublages de qualité pour la série, et Unity ne fait pas exception à la règle. Paris oblige, j’ai choisi de mettre le jeu en VF (ce que je ne fais pas souvent) pour être totalement immergé dans l’ambiance.
L’aventure m’aura tenu en haleine une vingtaine d’heures. Je n’ai pas terminé le jeu à 100%, ayant fait une overdose de collectibles vers 80%… L’éditeur réitère encore et toujours à ce niveau et garnit Paris de centaines d’objets à récupérer qui rendent totalement illisible la carte quand on ne met pas de filtres en place. On s’attardera surtout sur certaines quêtes secondaires assez intéressantes, et sur les Failles Helix, qui, à défaut d’être passionnantes, font passer un bon moment en changeant l’époque !
Au final, j’ai bien apprécié Assassin’s Creed : Unity. Ce dernier a été sacrifié à cause d’une politique douteuse d’Ubisoft, qui devait respecter son calendrier, et qui a livré un jeu moins bien fini que certaines alphas techniques. Forcément, ça passe assez mal venant du 3ème éditeur mondial de jeu vidéo. Pourtant, un an après, j’ai tendance à penser qu’on rate quelque chose en passant à côté de Unity. Voir Paris reconstitué de la sorte, c’est quelque chose ! Les rues grouillantes de vie, l’ajout d’un mode « infiltration » rendent l’expérience très intéressante et on se retrouve avec un jeu franchement bon. Peut-être pas aussi marquant que le 2nd volet de la licence, mais tout de même bien jouissif. Le jeu est vendu pour une trentaine d’euros sur consoles, et bien moins sur PC, ce qui n’est clairement pas excessif au vu de l’aventure proposé.
Les + :
- Une ville magnifique et vivante
- L’aspect RPG, bienvenue
- Un brin plus difficile que ses prédécesseurs
- Dead Kings, un DLC convaincant
Les – :
- Des points d’intérêt, partout, tout le temps
- Arno, une belle coquille vide
- Toujours quelques imprécisions dans le parkour, malgré les améliorations apportées
Article publié initialement sur le blog “Kyotenshi.fr”, qui appartient à présent aux vestiges du passé. N’ayant plus les captures d’écran de l’époque, j’ai pioché deux des captures sur Artstation.com